Vous avez parfaitement raison. Nous arrivons au sujet des difficultés de mise en place des GHT. À l'heure actuelle, les ARS n'ont aucun pouvoir de faire en sorte que tout le monde travaille ensemble. Pour vous dire très clairement ce que je pense, madame Alajouanine, je ne suis pas très favorable à la création d'une agence complémentaire. En France, quand cela ne va pas, on crée une commission ou une agence. Or à force de créer trop d'agences, plus rien ne se passe et tout est cloisonné.
Lundi matin, j'ai assisté à la pose de la première pierre d'une maison médicale. La directrice de l'ARS a tenu ce propos : « Je laisse la parole à l'État ». Elle considère donc qu'elle n'est même plus l'État. En supprimant la responsabilité sanitaire des préfets, on a créé des préfets sanitaires sans que les uns ne rendent compte aux autres. Vous avez raison d'insister sur le besoin de coopération des professionnels de santé. Mais, vous l'avez exprimé tous les deux, c'est un nouveau métier. L'arrivée du numérique, de ses données et de l'intelligence artificielle ouvre des potentialités extraordinaires. Il me semble que pour la jeunesse, ces métiers peuvent s'avérer extrêmement captivants et attractifs. Comment standardiser la télémédecine de façon bien organisée ? Telle est notre préoccupation.
Le déploiement du numérique n'est pas du tout homogène dans notre pays, pour la bonne raison que l'on a laissé faire les départements et qu'il n'y a pas eu de coordination. La situation est donc profondément inégalitaire. Comme vous, je pense que la télémédecine dans les EHPAD est une bonne solution, d'autant plus qu'ils ne comptent quasiment plus de médecins. La domotique aussi, peut constituer un moyen formidable pour aider. Mais l'hétérogénéité des situations que nous vivons est malheureusement liée à d'autres facteurs extérieurs. D'où l'importance de la notion de tuyaux : l'on ne peut pas déconnecter la télémédecine d'un déploiement de tuyaux sécurisés.