Intervention de Françoise Durandière

Réunion du jeudi 26 avril 2018 à 10h30
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Françoise Durandière, conseillère médicale de la Fédération des établissements hospitaliers et d'assistance privés à but non lucratif :

Des hôpitaux de proximité sont très bien structurés et disposent du personnel médical et paramédical nécessaire pour répondre à un besoin territorial par une offre de soins intéressante, mais ce n'est pas le cas de tous. Certains éprouvent les plus grandes difficultés à ce qu'un médecin, même généraliste, intervienne, ou un kinésithérapeute. La difficulté est un peu moindre pour ce qui est des infirmières mais, d'une manière générale, leur offre médicale et paramédicale est insuffisante pour répondre aux besoins sanitaires du territoire considéré. Cela doit être revu.

Il est compliqué pour nos établissements, qui sont pourtant très demandeurs, d'accueillir des internes comme stagiaires. D'une part, nous peinons à les faire reconnaître comme terrain de stage, ce qu'ils sont pourtant ; d'autre part, les stagiaires ne nous sont attribués qu'en nombre très limité parce que les doyens de facultés tiennent d'abord à doter en internes les services publics, et n'affectent les étudiants aux établissements privés, lucratifs ou non lucratifs, que dans un second temps.

Le recrutement de médecins étrangers pose un réel problème. Actuellement, dans certains services d'urgence, des médecins ne parlent pas le français ; vous imaginez ce qu'il peut advenir. C'est une perte de chances pour le patient, et c'est surtout la persistance d'une inéquité socio-culturelle dans l'accès aux soins. Ni vous ni moi n'allons dans ces services-là : ceux qui y vont sont les personnes âgées et celles qui ont un faible niveau socio-culturel. Des décisions devront être prises au sujet de ces services qui fonctionnent très mal.

Nous sommes convaincus de la nécessité d'un plan ambitieux de développement de la télémédecine, qui peut concerner un vaste nombre de sujets – télémédecine, télésuivi, téléconsultations – mais qui demande la reconnaissance de nouveaux métiers. Parce qu'il s'agit du maintien à domicile des personnes âgées et des personnes en situation de handicap, et aussi de l'élargissement du périmètre des actes qui pourraient être financés, le développement de la télémédecine suppose une formation spécifique au cours des études médicales et paramédicales. Le plan numérique doit couvrir toutes les composantes du système de santé, que ce soit le sanitaire, le médico-social, le social, la ville ou le domicile.

De nombreuses plateformes de télémédecine se développent ; cela appelle impérativement la vigilance. On vient nous présenter ces plateformes, mais quand nous demandons quels sont les médecins qui exercent et selon quelles modalités, on ne sait nous dire s'ils sont présents 24 heures sur 24, 365 jours par an. Nos interlocuteurs prétendent que les services qu'ils proposent concernent toutes les spécialités, mais quand cherche à savoir si cela vaut 24 heures sur 24, la réponse se fait floue. Surtout, quand on demande le nom des médecins qui seront employés et l'origine de leurs diplômes, tout devient évasif. Le concept est donc intéressant, mais vigilance et contrôles rigoureux sont une nécessité absolue, sans quoi le risque est sérieux d'une dérive vers le mercenariat.

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