La FHF plaide en faveur de l'introduction en France du principe de « responsabilité populationnelle », qui a révolutionné le systéme de santé du Québec. Dans un territoire dont les données pathologiques sont identifiées et où l'offre de soins est ce qu'elle est, l'État, qui souhaite des ratios de santé publique optimaux – avec, par exemple, la réduction des taux de diabète et de mortalité infantile – demande à tous les professionnels de santé de s'organiser pour parvenir à cet objectif, et juge de la réussite de l'organisation choisie à cette fin en fonction des données territoriales de santé publique collectées. Pour la France, cela signifie que l'on sorte du système de santé actuel, jacobin et hyper-centralisé, et que l'on admette que les professionnels de santé sont capables, ensemble et quel que soit leur statut, d'inventer des systèmes de prises en charge adaptés aux données épidémiologiques de la population et à l'offre de soins. Ce serait une révolution à 180 degrés. Cela rejoint l'idée que les hôpitaux de proximité, qui n'ont pas tous les mêmes vocations et n'accueillent pas tous les mêmes professionnels, doivent se voir reconnaître la souplesse en termes de rémunération et de statuts qui leur permettra de devenir des hubs de premier recours, à partir desquels, en fonction de la pathologie et de sa gravité, une régulation et une orientation auront lieu. C'est d'autant plus nécessaire que la population française, vieillissante, doit être prise en charge au plus près – et l'hôpital de proximité est un lieu de fixation de l'offre des soins. Le modèle québécois, qui donne plus de responsabilités aux acteurs locaux parce que les caractéristiques régionales diffèrent, est pour moi le modèle rêvé.