Je commencerai, au nom du groupe Nouvelle gauche, par un regret, celui qu'une fois de plus vous affirmiez écouter, mais sans les entendre, les parties prenantes. J'en veux pour preuve le fait qu'à peine les partenaires sociaux étaient-ils parvenus à un projet d'accord national interprofessionnel que vous le jugiez déjà insuffisant.
Qu'en est-il donc réellement de votre projet de loi provisoire et de ses soixante-sept articles ?
En ce qui concerne la formation professionnelle, vous proposez de libéraliser le secteur de la formation professionnelle, tout en en nationalisant la gouvernance. En monétisant le CPF et en supprimant les intermédiaires, vous prétendez vouloir libérer les salariés et leur offrir plus de droits. Dans les faits pourtant, dans votre nouveau système le coût moyen d'une formation sera de 14 euros l'heure contre 32 euros aujourd'hui. En ne prévoyant aucun effort particulier pour le volet accompagnement, vous priverez les individus de toute autonomie. En fragilisant les acteurs, alors que leurs missions sont stabilisées depuis 2009, vous mettez à mal tout le secteur. À ce propos, que vont devenir les cinq mille salariés des OPCA ? Comment éviterez-vous un plan social massif ?
Vous avez annoncé un plan d'investissement compétences de 15 milliards, que vous dites vouloir financer par un prélèvement de 0,3 % de la masse salariale, à hauteur de 5 milliards : où sont donc les 10 milliards restants ?
Vous vous fixez ensuite pour objectif la formation d'un million de jeunes et d'un million de demandeurs d'emploi pendant le quinquennat. Vous promettez donc un grand Big Bang, pour faire en réalité, permettez-moi de le dire, deux fois moins bien que sous le quinquennat précédent.
Vous promettez une assurance chômage, « plus universelle », formulation qui nous éloigne de la promesse d'universalisation de l'assurance chômage faite par le candidat Macron pendant sa campagne électorale.
Pour conclure sur le cas particulier des territoires ultramarins, je note l'élément positif que constituent les plans de convergence, et vous annonce que nous préparons, avec Justine Bénin et Josette Manin, un rapport sur cette question.