Intervention de Michèle Victory

Réunion du mardi 10 avril 2018 à 16h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

Dans l'article 10 de l'avant-projet de loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel, vous souhaitez étendre les missions des régions en matière d'orientation, ce qui m'amène à faire un lien avec l'apprentissage et les lycées professionnels.

Vous prévoyez de transférer les directions régionales de l'ONISEP aux régions. Près de trois cents fonctionnaires de cet opérateur rattaché au ministère de l'éducation sont concernés. Ils disposeraient de deux ans pour exercer leur droit d'option, et, éventuellement, pour rejoindre la fonction publique territoriale.

Dans le même temps, le ministre de l'éducation nationale propose, dans le cadre de la réforme du lycée, la fermeture du réseau des centres d'information et d'orientation (CIO). Les 3 700 psychologues de l'éducation nationale qui travaillent dans ces centres seront affectés dans les lycées, sans autre forme de négociation.

Les mots ont un sens y compris lorsqu'ils qualifient une fonction ou une mission. Les conseillers d'orientation ont une mission d'information et d'accompagnement auprès des jeunes, alors que les psychologues jouent un rôle important dans les collèges et lycées, plus particulièrement pour la prise en charge de toutes les difficultés personnelles, psychologiques et familiales de certains de nos adolescents. Les problèmes spécifiques que ces derniers rencontrent peuvent évidemment être liés aux parcours d'apprentissage, mais il faut qu'ils soient entendus et reconnus par des professionnels dont c'est la mission.

Ces deux réformes inquiètent les acteurs de l'orientation. En fragilisant l'ONISEP et les CIO, vous prenez le risque que des organismes privés, déjà bien implantés dans certains territoires, prennent le relais en matière d'orientation. Les élèves et les familles qui bénéficient d'un service public gratuit de proximité pourraient être amenés à payer pour un service auquel ils ont droit. Enfin, nous devons être attentifs à ce que l'information donnée aux élèves et aux étudiants par le nouveau service régionalisé ne se limite pas aux frontières de la région, ce qui serait un non-sens à l'heure où les parcours de formation se réalisent à l'échelle nationale et internationale.

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