Intervention de Éric Coquerel

Séance en hémicycle du mardi 15 mai 2018 à 15h00
Questions au gouvernement — Répression des manifestations dans la bande de gaza

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Monsieur le Premier ministre, hier, dans la bande de Gaza, cinquante-neuf Palestiniens, dont huit enfants, ont été tués par l'armée israélienne, et 2 400 ont été blessés. Ces cinquante-neuf morts s'ajoutent aux cinquante-huit Palestiniens tués depuis le 30 mars. Il est à espérer que d'autres victimes ne s'ajoutent pas à cette liste funèbre, en ce jour de commémoration de la Nakba. J'espère – je suis sûr – qu'un tel « bain de sang », pour reprendre la une du journal Le Parisien, nous indigne tous.

L'indignation est évidemment nécessaire. La situation réclame cependant aussi des gestes politiques à la hauteur du danger. Depuis malheureusement trop longtemps, l'État israélien agit à rencontre du droit international en poursuivant notamment la colonisation des territoires occupés.

Toutefois, dès lors que les USA se rangent inconditionnellement à ses côtés, comment s'étonner de cette fuite en avant du gouvernement de Benjamin Netanyahou ? Non content de rompre unilatéralement avec les résolutions de l'ONU – l'Organisation des Nations unies – en installant son ambassade à Jérusalem, Donald Trump a, en effet, manié hier la provocation en allant jusqu'à accuser les Palestiniens d'être les responsables de cette tuerie.

Après la rupture unilatérale des accords avec l'Iran par les USA, il s'agit d'un pas de plus vers l'abîme. Cette situation est tragique pour le peuple palestinien et la solution à deux États souverains. Elle sera également nuisible à terme pour le peuple israélien, tant une telle politique d'oppression ne peut que modifier la nature de l'État démocratique qui la pratique.

Dans cette situation, la France doit être du côté de l'espoir. Elle doit rester le pays qui garde le cap de la paix. À cette fin, elle ne peut paraître épouser les actes et les thèses des violents et des faucons. Elle ne peut non plus paraître en admettre, même de façon critique, la philosophie. Il faut une parole et des actes aussi forts que les leurs pour faire entendre le camp de la paix !

Non, notre ministre des affaires étrangères ne peut, dans un communiqué, se contenter d'appeler « les autorités israéliennes à faire preuve [… ] de retenue dans l'usage de la force » et « les acteurs à faire preuve de responsabilité », comme si l'on pouvait mettre dos à dos tueurs et victimes.

D'où ma question, monsieur le Premier ministre : pourquoi la France n'a-t-elle pas déjà rappelé son ambassadeur en Israël ?

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