Puisque ce projet de loi est censé protéger les mineurs contre les violences sexuelles – ce qui était censé être l'objet de l'article 2 – , il est regrettable qu'il ne s'attaque pas à la prostitution des mineurs. Partout en Europe, ce fléau frappe. Le plus souvent, il concerne des jeunes filles venues des Balkans, d'Europe centrale, de Russie mais aussi d'Italie.
La prostitution infantile n'est plus seulement l'affaire des proxénètes. Le rôle de ces derniers devient presque anecdotique au regard des nouvelles formes de prostitution qui se développent sur internet. Entre 8 000 et 10 000 mineurs sont concernés. Ainsi, sur les conseils d'une « bonne » copine vantant un moyen facile de gagner de l'argent pour acheter de nouveaux vêtements ou le dernier portable à la mode, une jeune fille commence à vendre son corps contre quelques dizaines d'euros. Une autre adolescente, amoureuse d'un garçon qui ne l'aime pas, lui envoie une photo d'elle dénudée qui se retrouve dans d'autres mains et, sous l'effet d'un chantage, la jeune fille continuera à se dénuder sur internet pour de l'argent. Pour dire les choses crûment, ces passes ne se font pas seulement dans les collèges défavorisés, loin de là : nombre de ces adolescentes sont scolarisées dans des établissements parfois des plus huppés. Leurs passes – si l'on peut dire les choses ainsi – ne se résument pas toujours à des attouchements sexuels entre mineurs. Ces jeunes filles vont aussi retrouver des majeurs dans des chambres d'hôtel.
Face à ce fléau, il nous faut revoir la définition de la prostitution pour qu'elle corresponde à la réalité – la prostitution peut aujourd'hui être avec ou sans contact physique. L'enjeu est réel car une définition pertinente donne une base juridique solide aux forces de l'ordre, aux avocats et aux magistrats pour lutter efficacement contre les nouvelles formes de prostitution des mineurs.