Intervention de Vanessa Fortané

Réunion du mercredi 25 avril 2018 à 14h00
Commission d'enquête sur l'égal accès aux soins des français sur l'ensemble du territoire et sur l'efficacité des politiques publiques mises en œuvre pour lutter contre la désertification médicale en milieux rural et urbain

Vanessa Fortané, vice-présidente du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR) :

Mon discours sera quasiment le même que celui de mes collègues. Les jeunes médecins s'installent dans les territoires qu'ils connaissent, mais, étant donné les modifications des conditions d'exercice de notre métier, ils ont besoin d'accompagnement. Si le projet professionnel était préparé au cours de l'internat, cela simplifierait certainement les choses.

Je veux parler, notamment, d'équipes de soins primaires, de MSP, de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS)… Personnellement, je fais partie d'une MSP et nous tentons de créer une CPTS, mais nous ne disposons d'aucune formation ni information pour cela – j'ai terminé mon internat il y a dix ans, ce n'était pas au programme de mes études.

Une mobilisation des collectivités locales et des professionnels est évidemment nécessaire, car dans les territoires en tension démographique, comme celui où j'exerce, les médecins se demandent quand ils auront le temps de dormir ! Nous avons besoin d'une information globale, claire et simple, pour que les professionnels puissent accorder du temps médical aux médecins, du temps de pratique aux infirmiers et aux kinésithérapeutes, afin que nous puissions enfin travailler ensemble en bonne intelligence.

Les pratiques avancées doivent être développées et, s'agissant des cabinets secondaires, si effectivement nous n'avons pas besoin d'un cardiologue cinq jours sur sept, nos patients doivent pouvoir bénéficier d'une consultation cardiologique une à deux fois par mois – ce qui changera, en outre, la vie des généralistes.

Dans la région où j'exerce, l'hôpital local nous délègue des consultations. Les chirurgiens ont une consultation au cabinet deux fois par mois, de sorte que plus aucun patient, par exemple, ne cherche un chirurgien orthopédique. Alors effectivement, le jour de l'opération, ils doivent se rendre à l'hôpital qui se situe à 20 ou 25 kilomètres de chez eux, mais pour la consultation, ils n'en font que trois. Si toutes les spécialités participaient à un tel dispositif, les territoires peu denses deviendraient plus attractifs pour les médecins généralistes.

Je suis MSU, j'entends donc régulièrement les internes – ainsi que les externes d'ailleurs – s'étonner du fait que la profession de médecin généraliste n'est pas aussi compliquée que cela ! ReAGJIR a dû créer un blog pour expliquer aux jeunes médecins que notre métier était intéressant et qu'on pouvait s'y épanouir. C'est un peu lassant ! En fait, au bout de dix ans d'études, on fait le bilan qu'on est content d'avoir fait dix ans d'études. Mais de tels propos, nous n'en entendons jamais ; on ne parle de notre métier que pour le dénigrer et expliquer que nous sommes sous-payés… Un travail de communication est donc nécessaire pour rendre ce métier plus attractif. Et le nombre de MSU doit être augmenté pour que les étudiants puissent découvrir les territoires sous-dotés – il faut motiver les médecins installés à devenir maîtres de stage.

Par ailleurs, et cela a été dit, les médecins ne sont pas formés à la gestion d'entreprise. Le développement professionnel continu (DPC), à savoir la formation médicale continue, ne doit pas concerner uniquement le médical, car l'exercice en libéral requiert des connaissances en matière de gestion d'entreprise.

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