Intervention de Mathilde Panot

Réunion du jeudi 12 avril 2018 à 14h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMathilde Panot :

Bure, avez-vous dit, est la moins mauvaise solution. Lorsque nous avons auditionné l'ANDRA, ils nous ont dit de même que, si le projet Cigéo aboutissait, au bout de deux cents, trois cents, cinq cents ans, on finirait de toute façon par oublier ce site. C'est pour cela que nous avons demandé de la transparence en matière de déchets nucléaires, car la mémoire humaine n'a que trop tendance à les oublier. Une solution a été imaginée par plusieurs experts, notamment Jean-Marie Brom, directeur de recherche au CNRS : il propose que les déchets soient entreposés sur le site des anciennes centrales nucléaires, sans détruire le site. Cela laisserait une trace de ce qui a été fait dans notre histoire et on pourrait surveiller les déchets nucléaires, sans oublier où ils se trouvent.

Vous connaissez comme moi le projet StocaMine, dans l'Est de la France, ouvert dans les années quatre-vingt-dix : pas moins de 19 500 tonnes de déchets ultimes, arsenic, mercure, cyanure… ont été enfouies à 500 mètres sous terre. Or, en 2002, un incendie s'est produit à l'endroit où se trouve tout de même la plus grande nappe phréatique d'Europe, et l'on s'est aperçu que l'on ne savait pas déstocker l'ensemble des fûts placés sous terre. Nous avons donc déjà des exemples, avec des déchets classiques, certes, mais qui montrent qu'en plaçant ces déchets nucléaires sous terre, en cas d'incendie on ne sait pas enlever les fûts, ce que pointe notamment l'IRSN lorsqu'il a alerté sur les dangers liés aux déchets bitumineux. En tout cas, dans le cas de StocaMine, l'opération était impossible.

Au Japon, un opérateur privé n'avait le droit d'être opérateur sur une installation nucléaire que s'il avait par avance provisionné 1 milliard d'euros. C'est encore largement insuffisant, mais il serait intéressant de savoir ce qu'il en est chez nous…

Enfin, vous venez de souligner, à propos de l'EPR, que la démonstration n'est pas très probante. Dans votre propos liminaire, vous avez dit qu'on n'en faisait jamais trop dans ce domaine ; sans parler des interrogations sur la cuve, sur lesquelles je ne vous ai pas entendu répondre ; l'ASN a quant à elle donné une réponse. Pourquoi conditionnez-vous la fermeture de Fessenheim à l'ouverture de cet EPR ?

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