Intervention de Nicolas Hulot

Réunion du jeudi 12 avril 2018 à 14h00
Commission d'enquête sur la sûreté et la sécurité des installations nucléaires

Nicolas Hulot, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire :

Je souhaitais presque votre question, qui est connexe à votre commission. Il faut rappeler une chose : ce n'est pas EDF qui doit faire la politique énergétique de la France. Libre aux dirigeants d'EDF d'envisager leurs propres scénarios et d'avoir des préférences pour l'un ou pour l'autre ; libre à eux de préparer toutes sortes d'options de leur côté. À ce stade, aucun scénario de la PPE n'est privilégié par rapport à un autre. En outre, nous avons des contraintes fixées par la loi qui ne seront jamais remises en cause, en tout cas pas tant que je serai ministre et, me semble-t-il, pas au cours de ce quinquennat. Ce n'est pas à EDF de nous dire, alors que le débat s'ouvre à peine, que nous n'allons pas fermer d'autres réacteurs pendant le quinquennat. Ou alors, cela signifierait que tous les dés sont pipés…

Je le dis fermement mais je ne veux pas forcer le trait : il y a une programmation et, à la fin, nous déciderons du calendrier en nous fondant sur des critères rationnels et en ne pénalisant aucun des objectifs inscrits dans la loi. Mais vous savez que lorsqu'on fait tourner un modèle, chaque curseur déplacé en conditionne un autre : il est trop tôt pour dire à quel moment la centrale de Fessenheim sera fermée – elle le sera de toute façon au cours du quinquennat – si nous en fermerons d'autres, et combien… Les décisions ne sont pas arrêtées ; en tout cas, elles ne le seront pas par EDF.

Si l'État ne valide pas son plan, EDF devra le représenter. L'État pourra interdire les investissements antinomiques avec la PPE. Le projet de prolonger comptablement de quarante à cinquante ans l'exploitation des réacteurs de 900 mégawatts s'appuie sur une conviction technique : ces réacteurs passeront très prochainement leur quatrième visite décennale. Les dirigeants d'EDF partent de cette hypothèse et estiment que ces réacteurs pourront être exploités jusqu'à cinquante ans en moyenne, sans aucunement préempter la décision de l'ASN concernant les prolongations d'exploitation.

On ne peut pas empêcher les dirigeants d'EDF de faire des prévisions. Est-ce une manière de faire pression sur l'ASN ? Il ne faut pas non plus être paranoïaque. On peut comprendre qu'ils défendent les intérêts d'EDF. Même s'il est majoritaire, l'État n'est pas le seul actionnaire ; les autres ont aussi voix au chapitre. Quoi qu'il en soit, à la fin, c'est l'ASN qui a la main en matière de sécurité. Pour ce qui est des réacteurs que l'on prolonge, que l'on relance ou que l'on ferme, c'est évidemment le gouvernement qui garde la main. Cela va sans dire, mais cela va mieux en le redisant.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.