Intervention de Didier Quentin

Réunion du mardi 13 février 2018 à 17h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDidier Quentin :

Vous avez terminé en citant Bernanos, je commencerai avec Saint Augustin : « rien n'est perdu tant qu'il reste l'inquiétude ». Nous pouvons en effet être inquiets.

Du temps d'Amadou Toumani Touré, on parlait de la démocratie consensuelle du Mali. On est plus interrogatif aujourd'hui, et on n'est pas sûr de pouvoir tenir les échéances électorales prévues.

Je veux insister sur la qualité de l'accueil de l'ambassade. L'ambassadrice fait preuve d'un dynamisme admirable. J'ai été étonné de voir peu de femmes voilées dans les rues de Bamako et peu de signes visibles de l'islam. J'ai évidemment vu beaucoup de jeunes.

Nous irons dans quelques jours au Niger avec Jacques Maire dans le cadre du groupe d'amitié, où on dénombre huit enfants par femmes. Il semble essentiel de progresser sur l'éducation des jeunes filles, les choses sont liées.

Sur le problème des migrations, on entend tout et son contraire. Un article du Point, « le siècle de l'Afrique », montre qu'il y a des visions différentes. L'argent de la diaspora représente le dixième du revenu malien. D'autre disent en revanche qu'on peut réussir beaucoup mieux au Mali qu'en allant en France. Il serait bon que nos amis maliens participent à la démythification de l'eldorado que représente l'émigration vers l'Europe. Il faut aussi dire que ce ne sont pas forcément les populations les plus fragiles qui partent pour l'étranger, mais souvent des jeunes relativement bien formés. Il faut revenir sur cette idée reçue.

Concernant l'armée, la présidente a dit l'essentiel : les pertes sont importantes, notamment pour la Minusma. L'armée malienne est à construire et il ne lui est pas facile de recruter. Les volontaires ont un sentiment d'inutilité.

Un hommage doit être rendu à nos militaires de l'opération Barkhane. Les conditions climatiques sont difficiles et le paquetage est d'environ 45 kilos. Physiquement et psychologiquement, c'est une opération difficile.

Nous avons interrogé le ministre des Affaires étrangères à propos du G5 Sahel, mais il ne nous a pas donné beaucoup de précisions. Eisenhower disait avoir moins d'admiration pour Napoléon depuis qu'il commandait une coalition, et il est effectivement difficile de coordonner les différentes contributions à l'effort militaire au Mali.

Nous n'avons pas reçu que des félicitations pour notre intervention militaire. Il y a une hostilité de certaines populations à l'égard des Touaregs, le problème est multiséculaire et il est vrai que nos frontières coloniales n'étaient pas partout pertinentes. Au début des années 60, différentes formules avaient été envisagées, et ces choses n'ont pas été oubliées. De même, au début de l'indépendance du Mali, Modibo Keïta était assez dur à notre égard.

Nous n'avons pas eu que des compliments, notamment parce qu'on nous reproche de ne pas être allés assez loin.

L'optimisme est à nuancer. Nous avons vu des choses qui vont dans le bon sens, entre autres les femmes et les associations. Quelqu'un a en revanche résumé la situation par les mots « népotisme » et « corruption ». Le retour du pays à l'unité sera à observer.

Le jeu très ambivalent de l'Algérie pose peut-être également un problème qu'il faudra approfondir.

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