Messieurs les ministres, après vous avoir entendu présenter le projet de loi ELAN et attentivement lu son contenu, je ressens de votre part une volonté d'essayer de répondre à des questions sur le logement qui restent posées depuis de nombreuses années.
Avec mes collègues du groupe UDI, Agir et Indépendants, nous avons toutefois identifié quelques fragilités, pour ne pas dire des lacunes.
Un élément me semble faire défaut à travers l'ensemble de ces articles : le continuum, la liaison entre la question du logement et du territoire, ce triptyque de l'emploi, du logement et du transport. Et cela vaut pour la métropole, mais aussi pour les territoires ultramarins.
La question des moyens se pose également. Ce n'est pas faire injure aux messieurs-dames de Bercy que de leur dire qu'ils arbitrent, aujourd'hui encore, en faveur du court terme et du construire plus, alors que nous nous inscrivons dans la perspective du moyen et du long terme. Il faut bien le leur faire comprendre, car ils ont la tête un peu dure…
Je parlais du lien au territoire, mais la question de l'échelon administratif se pose également. Il est vrai que depuis que le « président normal » a bouleversé la carte des régions, on ne sait plus trop quel est le bon échelon. Mais je considère que les régions restent un niveau intéressant pour les aspects programmatiques, tandis que les intercommunalités le sont pour les aspects opérationnels et interventionnels.
La question fiscale a été relevée par certains députés. Nous regrettons que le Gouvernement ait abordé les fameuses questions fiscales dans le projet de loi de finances pour 2018, et notamment qu'il ait fragilisé le PTZ et compliqué l'accession à la propriété en modifiant l'APL accession. Ce faisant, on a vraiment ébranlé la politique du logement ; et quelques mois plus tard, on y revient avec ce projet de loi ELAN… D'autant que lorsque vous portez le regard sur les zones tendues, vous mettez en place des dispositifs fiscaux très attractifs qui encouragent encore plus à s'y installer : comme le disait l'excellent ancien député du Maine-et-Loire Michel Piron, c'est remettre du bois dans la chaudière !
Pour les bailleurs sociaux, vous prévoyez une réorganisation, ce qui me semble intéressant. Mais j'ai une petite expérience de la vie publique locale grâce au cumul des mandats, et notamment du département d'Ille-et-Vilaine, comme plusieurs autres députés et comme le ministre Mézard : j'y vois des bailleurs sociaux d'envergure régionale et nationale qui font très bien leur travail, mais aussi des opérateurs locaux, et c'est une richesse pour les territoires. Dans la refonte de cette organisation, il faut que le Gouvernement soit attentif à cet aspect majeur.
Un bon point de ce projet de loi, ce sont les logements adaptables. Je pense que vous allez dans la bonne direction.
Sur le numérique enfin, ce ne sont pas les deux ou trois articles prévus dans le projet qui permettront d'atteindre l'objectif de 2020 ou 2022.
Surtout, soyons des acteurs de la simplification : ce texte doit vraiment être à cet égard un acte fondateur. Et pensons aussi à porter le regard sur l'accès au logement pour les jeunes.