Monsieur le Premier ministre, Bercy ne manque pas d'imagination et comme votre gouvernement ne résiste jamais longtemps à son désir de tout chambouler, les Français sont inquiets des perspectives de réduction des prestations sociales dont la presse s'est fait l'écho : révision des modalités d'attribution des APL – aides personnalisées au logements – , réduction ou gel des bourses sur critères sociaux, resserrement du nombre de personnes éligibles à l'APA – allocation personnalisée d'autonomie – , ciblage de l'allocation aux adultes handicapés, suppression de l'allocation de solidarité spécifique.
Hier, les fonctionnaires défendaient dans la rue une certaine idée du service public, garant de l'égalité devant la loi, de l'accès aux droits pour tous, partout sur notre territoire, quelle que soit sa condition – parce que les algorithmes ne font pas tout. Ils défendaient le patrimoine de ceux qui n'en ont pas.
Vous avez promis 100 milliards d'euros d'économies durant le quinquennat et comme vous avez déjà dépensé beaucoup pour les plus riches et que vous aurez à compenser la suppression de la taxe d'habitation, voilà que votre regard se tourne désormais vers les prestations sociales.
Le retour de la croissance, dont vous héritez, ne peut justifier d'abandonner les plus fragiles à ce que vous pensez être leur destin de dernier de cordée. Avec vous, la République baisse la garde et la situation des plus fragiles s'en ressent – avec la baisse des APL ou l'augmentation de la CSG pour les retraités.
Ce matin, les chiffres du chômage sont venus confirmer que vous aviez baissé la garde en matière de politique de l'emploi. Le dispositif d'emplois aidés Parcours emploi compétences ne décolle pas et les entrées en formation des demandeurs d'emploi ont chuté de 30 % depuis le début de l'année : la logique du contrôle prime désormais sur l'accompagnement.