J'en profite pour revenir sur l'article 8, que nous avons adopté avant de nous quitter hier soir, et qui portait sur la coopération agricole. Le groupe Nouvelle Gauche était très réservé en la matière, mais les arguments développés nous ont convaincus que la coopération était véritablement une passion française, ce qui explique notre vote sur l'article. Si nous ne doutons pas une seconde des intentions de M. le ministre et du rapporteur, qui est un expert et un militant en ce domaine, le débat parlementaire est précieux.
Hier soir, je me suis permis, en dehors de l'hémicycle, de faire une proposition à M. le ministre : puisque l'article 8 a été adopté, il serait opportun de prendre le temps d'organiser, en commission des affaires économiques, une table ronde avec le ministre, les représentants de Coop de France et toutes les parties prenantes. Cela nous permettrait de contribuer à la réflexion sur l'élaboration des ordonnances. Ce sujet aurait sans doute mérité une loi spécifique, tant les rapports des coopératives avec les associations d'organisations de producteurs – AOP – de notre pays doivent être clarifiés. Les sujets essentiels que sont l'éthique des coopératives, la relation des parties prenantes, la relation à l'environnement national et international, la taille des coopératives, la relation aux adhérents, ou la place de l'homme dans l'économie mériteraient un débat parlementaire complet.
À défaut, j'ai proposé un compromis à M. le ministre : il s'agirait d'organiser une matinée de réunions avec les commissions concernées, ce qui permettrait aux parlementaires d'engager, dans les délais impartis, un dialogue avec la société civile sur les ordonnances dont nous avons adopté le principe, malgré nous, hier soir. Cette forme de compensation démocratique me semble pouvoir être approuvée par nous tous.
S'agissant du présent amendement, il est inspiré par l'esprit des pionniers. Si nous organisons une table ronde sur la coopération, nous pourrons peut-être nous rappeler que ce principe a été fondé par un groupe appelé les « équitables pionniers de Rochdale », cette petite ville d'Angleterre où des ouvriers ont affirmé que le capital social signifiait qu'un homme égalait une voix, que l'humain était au centre et constituait un moteur de l'économie.