Il se trouve que j'étais présent à l'ouverture des États généraux de l'alimentation, à Bercy. À cette occasion, une personne travaillant pour un grand organisme, que je ne nommerai pas car je ne voudrais pas mettre sa carrière en danger, m'a conseillé de tweeter : « Il faut démanteler les cartels. Aujourd'hui, quatre centrales d'achat se partagent 80 % de l'agroalimentaire. »
J'ai répondu que je ne savais pas tweeter, ce qui est vrai – je suis un assisté du tweet – , puis je suis sorti pour discuter avec cette personne, qui m'a expliqué son métier.
Et voici l'échange que nous avons eu : « Voilà mon but, me dit-elle, aider les bons produits qui ne trouvent pas leur place sur les rayonnages des grandes surfaces, qui en sont exclus, qui ne sont pas assez gros. Parce que les PME se font ratiboiser par la grande distribution, par les quatre centrales. Alors, je les accompagne pour que les petites boîtes gagnent du linéaire. »
Je lui ai alors demandé si c'était dur. Elle a répondu : « C'est l'enfer, sur tout : les prix, les volumes, les délais de paiement, les centrales nous traitent comme des chiens. Je renonce. Je conseille plutôt à mes petits patrons de passer par des circuits alternatifs, ou alors d'exporter. Vous imaginez comme c'est con ! Exporter les bons produits, tout ça à cause du verrou de la grande distribution. »
Je voyais bien qu'elle avait la niaque, qu'elle était gonflée à bloc. Elle a fait la comparaison avec la SNCF, que l'on veut aujourd'hui mettre en concurrence sur un réseau qui est pourtant unique.