Intervention de Francis Vercamer

Réunion du mercredi 23 mai 2018 à 16h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrancis Vercamer :

Madame la ministre, vous vous apprêtez à ajouter votre nom à la longue liste des ministres qui ont tenté de réformer notre système de formation professionnelle. Le groupe Union des démocrates et Indépendants souhaite que cette énième réforme atteigne son but : rendre la formation professionnelle plus fluide, plus lisible, plus abordable et plus efficace. Nos entreprises, notre pays et, surtout, nos concitoyens en ont besoin.

Nous partageons, pour la plupart d'entre nous, un double constat. D'une part, l'époque de l'emploi à vie dans la même entreprise est révolue depuis longtemps ; et pourtant, les transitions professionnelles demeurent des périodes heurtées, peu sécurisées, et notre système peine à se doter d'outils efficaces qui facilitent le passage d'un emploi à l'autre, la montée en qualification ou la reconversion en période de chômage. D'autre part, la société doit s'adapter aux évolutions technologiques et aux transformations du travail qu'induit la révolution numérique. Jean Tyrol, notre prix Nobel d'économie, soulignait encore récemment l'importance stratégique de la formation professionnelle dans cette perspective.

Face à ces constats, vous faites un certain nombre de choix qui vont dans le bon sens, qu'il s'agisse de la création du conseil en évolution professionnelle, de la place plus importante accordée aux branches professionnelles dans la définition des formations, de la meilleure adéquation entre les besoins des entreprises et la demande d'emploi ou, enfin, de la certification plus tangible des organismes de formation. Oui, la réforme de la formation professionnelle avance – elle est en marche, si j'ose dire… Mais, pour l'heure, elle avance boiteuse, car si elle prend mieux en compte les besoins et les attentes des entreprises, elle ignore le rôle des territoires qui, dans votre réforme, occupent un rang secondaire alors qu'ils doivent forcément être associés dans la formation professionnelle, l'apprentissage, l'accompagnement vers l'emploi, dès lors qu'ils sont impliqués et compétents en matière de développement économique et de suivi des personnes les plus éloignées de l'emploi.

Tous les acteurs doivent être associés – c'est probablement l'un des points sur lesquels votre projet de loi ne propose pas de solution – pour améliorer l'orientation des individus. Or, si le projet de loi vise à établir un meilleur partage des compétences entre l'État et les régions pour améliorer l'orientation dès le collège, on ne distingue pas clairement les moyens qui permettront d'atteindre cet objectif. Quelles garanties pouvez-vous nous apporter à ce sujet ?

Tous les acteurs doivent être associés pour encourager la mobilité professionnelle. La reconversion, les transitions professionnelles, la construction d'un nouveau projet professionnel sont des éléments essentiels de la fluidité du marché du travail et de la lutte contre le chômage. Pensez-vous que conseil en évolution professionnelle soit en mesure, à lui seul, de développer cette culture de la mobilité professionnelle, qui est absente en France mais dont nous avons tant besoin ?

Tous les acteurs de l'emploi doivent être associés pour mieux accompagner le retour à l'emploi. Or l'examen du projet de loi donne le sentiment que la formation professionnelle, l'indemnisation via l'assurance chômage, l'accompagnement des demandeurs d'emploi sont autant de domaines cloisonnés qui relèvent d'opérateurs de différents niveaux, alors même qu'il faudrait assurer un continuum. Cette continuité, là encore, c'est au plus près des territoires qu'il faut l'expérimenter. L'entrée en formation d'un demandeur d'emploi dans le cadre d'un nouveau projet professionnel ne peut ignorer les réalités d'un bassin d'emploi, lui-même situé dans une région qui a ses propres caractéristiques économiques. Dès lors, ne faut-il pas, pour mieux assurer la continuité territoriale de l'accompagnement vers l'emploi, expérimenter une régionalisation de Pôle emploi ?

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