Si je n'ai pas abordé la question de l'assurance chômage, c'est que je me suis, pour ma part, occupée des négociations sur la formation professionnelle. Mais je suis accompagnée d'Élisabeth Tomé, notre déléguée générale aux affaires sociales, qui pourra rebondir sur le sujet, si nécessaire.
Pour répondre, cela étant, à votre question précise sur les contrats courts, les branches prennent le chantier très au sérieux, et nous avons créé un comité technique destiné à accompagner chacune d'elles dans le travail demandé.
Sur la question du handicap, tout en étant très attachée au travail protégé, j'appelle votre attention sur le fait que nous devons faire collectivement très attention à ne pas fragiliser les établissements qui accueillent des travailleurs handicapés, en adoptant des mesures susceptibles de les en détourner. Au vu des premières réactions suscitées par les propositions faites, et notamment par le fait que les marchés passés avec les établissements et services d'aide par le travail (ESAT) ne seraient désormais plus comptabilisés dans les 6 % d'emplois réservés aux travailleurs handicapés, mes craintes en la matière sont assez fortes.
En matière d'égalité entre les hommes et les femmes, les Suisses, qui sont très pragmatiques, ont certes adopté un logiciel dédié, mais ils s'inscrivent dans une démarche tendancielle sans avoir recours à la coercition. Le sujet n'est pas simple en effet, et ne se limite pas à la seule question des salaires. Si nous voulons obtenir des résultats, il faut appréhender de manière globale l'ensemble des problématiques qui se posent en termes d'inégalités, c'est-à-dire non seulement les rémunérations mais aussi l'absence des femmes dans certains métiers, les horaires ou les conditions de travail.
En ce qui concerne la formation professionnelle, nous sommes évidemment très demandeurs d'aller plus loin dans la simplification du système, tout en proposant des formations plus diversifiées et plus accessibles à tous. La mise en oeuvre des blocs de compétences a déjà représenté une véritable révolution, mais il faut aller au-delà, en combinant sans doute les modes de formation présentiel et distanciel : nous ne sommes qu'aux débuts d'évolutions technologiques qui vont nous contraindre à repenser entièrement notre façon d'aborder cette question. Cela exige de notre part une grande ouverture d'esprit, et cela va surtout nécessiter un gros effort d'accompagnement des entreprises, en particuliers des TPE et PME, qui sont, moins bien équipées que les entreprises de taille intermédiaire (ETI) ou les grands groupes pour informer leurs salariés sur ces nouveaux types de formation. Les branches auront là tout leur rôle à jouer, de même que les opérateurs de compétences (OPCOM).
La montée en compétences de chacun des collaborateurs par le dialogue social, qui se traduit inéluctablement par une montée en compétences de l'entreprise elle-même, est quelque chose que le MEDEF appelle de ses voeux depuis 2013. Le dialogue social enrichit chaque salarié comme il enrichit l'entreprise, et nous n'avons donc qu'une envie, c'est de le faciliter.
Cela étant, nous ne sommes pas à l'aise avec le CPF en euros, tout en étant conscient que nous devrons faire avec et le transformer en succès.
Cela implique de ne pas trop compliquer le dispositif. Or, si le CPF est un droit individuel qu'il faut naturellement respecter, s'il faut que chaque salarié aille s'enquérir auprès de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) de ce qu'il a acquis pour le verser au pot commun de l'entreprise, l'usage de ce compte devient très complexe pour les uns comme pour les autres, et ce n'est pas avec ce type de démarche, quoi qu'en dise la majorité, que nous irons vers la simplification. Nous devons donc ensemble trouver un moyen de permettre à chacun de faire usage de ce droit individuel tout en ne compliquant pas la vie des entreprises, notamment celles des TPE-PME.
Pour ce qui concerne enfin l'entretien individuel de formation, nous avions déjà fait ce travail lors de sa mise en place, mais nous allons de nouveau accompagner nos entreprises, en leur fournissant des kits pédagogiques.