S'agissant de la formation pour les moins formés, je dirais que les entreprises ont aujourd'hui pris conscience de ce que chaque salarié doit être formé, quels que soient le niveau de son emploi et la volonté de former tous leurs salariés sans exception prend ainsi une place grandissante dans la stratégie des entreprises. Voilà l'esprit dans lequel nous avons accompagné une demande qui était davantage portée par les organisations syndicales que par nous, à savoir le conseil en évolution professionnelle, qui envisage l'accompagnement du salarié dans sa globalité.
Tout au long de la négociation, nous avons en outre réfléchi à une réalité qui devient de plus en plus prégnante dans le paysage, déclenchée par de multiples facteurs, qu'ils soient économiques, technologiques ou sociétaux : la transition professionnelle. Plus que leurs aînés, les jeunes ont en effet envie de naviguer d'une fonction à l'autre. À mesure que la transition professionnelle se renforce, l'accompagnement de chacun devient un élément-clé. À plusieurs reprises au cours de la négociation, j'ai insisté, auprès des représentants tant des entreprises que des syndicats, pour que nous trouvions les voies d'une réelle proximité entre les salariés et les entreprises. Il faut que, dans chaque entreprise, le sigle CEP dise quelque chose au salarié, comme c'est le cas aujourd'hui du 1 % logement : sans savoir exactement ce qu'il recouvre, le salarié sait que, s'il rencontre des difficultés de logement, il peut s'enquérir auprès des responsables du personnel de l'aide qui peut lui être apportée. En matière d'accompagnement et d'insertion professionnelle, il devrait en être de même : sans savoir exactement ce qu'est le CEP, le salarié doit savoir qu'il est lié à son évolution professionnelle au fil des ans.
Monsieur Cherpion, en ce qui concerne le congé individuel de formation et le compte personnel de formation de transition, il est apparu, au cours de la discussion, que la transition professionnelle est une vraie réalité que nous devons prendre à bras le corps. Il apparaît aussi que le CIF est un véhicule auquel tiennent énormément les organisations syndicales, car il incarne la liberté. Mais il est trop cher ! Il est aussi quelque peu monolithique.
Il faut donc le repenser de telle sorte que chacun puisse y embarquer son passé : tous les acquis de son expérience, qu'elle soit associative, professionnelle ou de toute autre nature… Nous arriverons ainsi à une individualisation de la formation ; de plus en plus, les outils vont nous permettre de faire du sur mesure. Tant les entreprises que nous sommes que les salariés que nous employons devront devenir des clients très exigeants avec les organismes de formation, pour que chaque salarié obtienne une formation sur mesure en rapport avec son histoire et avec son parcours. Nous ne sommes certes pas au bout du chemin…
Notre attente se teinte d'ailleurs d'inquiétude s'agissant de la gestion de ce domaine par la Caisse des dépôts et consignations. Nous nous assurerons cependant que le dispositif aux besoins des personnes qui veulent progresser dans leur transition professionnelle.
J'en viens au rôle des régions. Nous nous sommes beaucoup inspirés de la façon dont les choses sont articulées dans les pays où la formation professionnelle est devenue un vrai levier de compétitivité et de sécurisation des parcours. Il est vrai que les entreprises et les branches sont au coeur du système. Ce sont elles, en effet, qui maîtrisent le mieux les besoins et leur évolution. Cela étant, nous avons toujours dit que notre action en ce domaine devait être le produit d'une coopération étroite, fruit de l'intelligence collective. Dans le domaine de la formation professionnelle des salariés, nous aimerions donc avoir les régions pour copilotes. À l'inverse, si la formation des demandeurs est déléguée aux régions, nous devrions être copilotes du dispositif, ne serait-ce que pour exprimer nos besoins. Ensemble, dans les territoires, nous construirons des plans stratégiques intelligents.