Le fait que l'apprenti puisse faire les mêmes heures que le tuteur est une bonne chose. En revanche, je l'ai dit tout à l'heure, le problème des apprentis mineurs dans des secteurs plus exposés que d'autres reste entier.
Pouvoir signer un contrat d'apprentissage à n'importe quel moment, et pouvoir le rompre en cas de problème entre le jeune et l'employeur sont des mesures très concrètes qui vont dans le bon sens et dont on peut se féliciter.
Il est essentiel de créer un lien entre l'entreprise et le collège. À chaque fois que l'on organise des journées portes ouvertes dans nos entreprises, c'est un succès. Il y a un peu plus de vingt ans, on a construit à Parthenay, dans les Deux-Sèvres, un CFA tout neuf destiné à former des menuisiers notamment. Au départ, ce CFA a recruté peu de monde. Je passais plus de temps dans mon entreprise à organiser des pots de départ à la retraite qu'à recruter des apprentis… Pendant plus de dix ans, nous sommes allés dans les collèges, avec la Fédération du bâtiment, pour montrer que les métiers du bâtiment pouvaient représenter un ascenseur social, et nous avons commencé à alimenter notre CFA de façon très concrète : ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves. Le partenaire incontournable reste l'éducation nationale. Nous avons beaucoup d'idées en matière d'orientation, encore faut-il que l'éducation nationale se rapproche du monde entrepreneurial. En tout cas, je connais beaucoup de professeurs qui ne demandent que cela.
En fait, il existe moins de 800 branches, dont 200 tout au plus sont actives. Comme l'a dit Mme Poivey, 80 % des apprentis sont dans des branches déjà très structurées. Pour le reste, ce sont les OPCA interprofessionnels qui accompagnent les branches qui n'ont pas la capacité de s'engager dans cette voie.
J'avoue que je suis très sceptique quant aux opérateurs de compétences. Si je prends la filière bois dont je fais partie – je suis charpentier menuisier –, ma famille, c'est plutôt le chantier, le bâtiment, donc les maçons et les plombiers. Demain, si je suis avec les exploitants forestiers, les fabricants de barriques ou d'emballage en bois pour les fromages, cela risque de brouiller les cartes.
En ce qui concerne l'expérimentation des contrats de professionnalisation, certaines choses fonctionnent déjà merveilleusement bien, par exemple les groupements d'employeurs. Bien souvent, ce qui est difficile pour un employeur qui veut recruter une personne qui est éloignée de l'emploi depuis longtemps, c'est de l'accompagner : il ne sait pas bien faire. Aussi a-t-il besoin qu'une tierce personne accompagne ce jeune ou moins jeune entre l'employeur et l'endroit où il va être formé. Les groupements d'employeurs pour l'insertion et la qualification ont la particularité de savoir faire cette interface, et souvent ils le font bien : je pourrais citer des expériences positives dans mon entreprise.