Intervention de François Asselin

Réunion du mardi 22 mai 2018 à 17h00
Commission des affaires sociales

François Asselin, président de la CPME :

Le député qui m'a interrogé sur l'égalité entre les hommes et les femmes est parti… donc joker. (Sourires.) Plus sérieusement, le logiciel prévu en la matière sera-t-il gratuit ? Sera-t-il universel, certifié, autrement dit, pourra-t-on en tirer vraiment des conclusions objectives ? Enfin, si nous sommes soumis à l'anonymat et que nous avons peu d'effectifs, je ne vois pas comment le dispositif peut fonctionner concrètement. Ce n'est pas que nous ne voulons pas y arriver, mais il ne faut pas mettre l'entreprise dans une situation délicate. Il faut examiner ce qui s'est passé en Suisse où les entreprises sont équipées de ce système mais ne l'utilisent pas tant. Notre bonne volonté d'y arriver est réelle ; trouvons donc les moyens de répondre pragmatiquement aux attentes des uns et des autres.

En ce qui concerne l'outre-mer, il se trouve que, depuis vingt-quatre ans, je dirige une TPE de cinq salariés à l'île de la Réunion. Il y a peu de branches actives mais des organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA) qui, je vous l'assure, fonctionnent très bien en matière de formation professionnelle continue. La difficulté des territoires ultramarins est souvent la régularité. Ainsi, une année où j'employais deux apprentis, il n'y plus eu de boulot – c'était après les élections municipales. L'un des apprentis avait été formé pendant quatre ans et l'autre pendant deux ans ; eh bien, j'ai dû les laisser partir. Il ne faut donc pas oublier que s'il n'y a pas d'activité, il n'y a pas d'apprentis. Employer un apprenti mais sans avoir à lui donner à faire, c'est du gâchis. En outre, activité et linéarité sont d'autant plus importantes que l'entreprise est petite.

Pour vous, monsieur Maillard, nous ne serions pas enthousiastes ! Franchement, si vous êtes déçu par notre prestation, je suis déçu par la vôtre. Le modèle de nos PME, c'est de fonctionner sur l'alternance puisqu'on ne trouve pas sur le marché du travail les compétences dont nous avons besoin. D'ailleurs, si je peux être présent devant vous ce soir, c'est parce que ceux qui dirigent ma boîte en mon absence sont tous – tous ! – issus de l'alternance. Alors, si nous ne sommes pas enthousiastes vis-à-vis de l'apprentissage, je ne comprends pas…

Nous sommes d'autant plus enthousiastes que nous voulons nous aussi être rassurés par ce projet de loi dont nous voulons qu'il soit efficace. Vous ne pouvez pas demander à l'entreprise de faire ce que la famille ou l'éducation nationale n'ont pas réussi à faire. Lorsqu'un jeune dispose du minimum de savoir académique ou de « savoir-être », nous saurons nous en occuper. Si l'entreprise doit rattraper un retard en la matière, elle ne sera pas plus à l'aise que l'éducation nationale ou la famille. Reste qu'on a peut-être construit, dans notre pays, un système qui produit davantage l'échec de l'orientation que l'échec scolaire – et qui sait si la clef n'est pas là.

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