Intervention de Serge Hercberg

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 9h20
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Serge Hercberg, directeur de l'Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) :

Nous allons faire une réponse à deux voix, mais elle sera rapide.

Évidemment, vous mettez le doigt sur une question fondamentale : comment agir ?

Ce que nous savons, c'est que, dans l'alimentation, il faut, d'une part, agir sur l'amélioration de la qualité nutritionnelle, c'est-à-dire diminuer le gras, le sucre, le sel, augmenter les fibres, les vitamines et, d'autre part, réduire les facteurs de risque d'exposition aux additifs.

Il y a deux façons complémentaires d'appréhender la situation. D'un côté, il faut agir au niveau de l'individu, en l'informant. Le consommateur doit donc avoir accès à une information qui soit claire, compréhensible, facile à intégrer. De l'autre, il faut agir sur l'offre alimentaire, c'est-à-dire sur les aliments eux-mêmes. Nous devons donc être en mesure d'améliorer la composition nutritionnelle.

À cet égard, il existe des marges de manoeuvre. Tout d'abord, les industriels peuvent réduire le gras, le sucre, le sel et augmenter les fibres ; c'est l'un des déterminants dans notre étude du risque de cancer et autres maladies chroniques. Il est, ensuite, possible d'agir sur les additifs, en informant mais surtout en ayant des données bien plus probantes qui permettent d'engager réellement les actions efficaces. Il ne s'agit pas seulement d'informer le consommateur sur la présence d'additifs, mais de faire en sorte, si un additif est démontré comme ayant un effet néfaste, de l'interdire.

Nous avons encore des chaînons manquants à ce niveau.

Dès à présent, il est possible de fournir des recommandations auprès du grand public. C'est ce que nous faisons lorsque nous incitons à manger des produits plutôt bruts, à diminuer la part des aliments ultra-transformés, à choisir des aliments moins gras, moins sucrés, moins salés, et le Nutri-Score est un outil qui aide les consommateurs à mieux saisir cela. Pour ce qui est des additifs, il nous faut poursuivre les recherches mais l'application du principe de précaution devrait déjà permettre de délivrer un message invitant à réduire la consommation des aliments ultra-transformés.

Mais peut-être un autre élément est-il crucial dans notre discussion, c'est qu'il nous manque des informations.

Même pour nous, chercheurs, il est difficile de connaître la composition nutritionnelle. Certes la présence d'additifs figure sur les étiquettes, mais aucune base de données publique ne permet aux chercheurs d'avoir accès à ces données. Cela nous permettrait pourtant d'affiner nos travaux de recherche. Aujourd'hui, nous sommes obligés d'effectuer ce travail titanesque d'aller regarder sur les étiquettes pour collecter les éléments d'information sur les additifs, mais également sur la composition nutritionnelle, sachant que ces étiquettes ne renseignent sur les types d'additifs, mais pas sur les quantités. Il serait légitime que les industriels affichent ces quantités. Ce serait une information utile non seulement aux consommateurs, mais également aux chercheurs.

Tels sont les quelques éléments que je pouvais vous livrer, mais Mathilde Touvier peut sans doute compléter.

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