La notion de différence de niveau de preuve sur l'aspect nutritionnel est essentielle. Tout n'est pas encore élucidé et il reste encore bien des choses à comprendre, mais sur les facteurs principaux, nous avons pu élaborer des recommandations. Nous en sommes donc à informer le consommateur par le biais du Nutri-Score et d'actions de ce type.
S'agissant des additifs alimentaires, comme je vous le disais, il ne s'agit pas de diaboliser l'ensemble des 400 additifs existants aujourd'hui. Nous ne sommes pas en train de plaider pour un retour à l'âge des cavernes ni pour manger tout cru, sans transformation. Certaines transformations ont d'ailleurs été bénéfiques et, dans un mode de vie comme le nôtre, il est aussi pratique d'avoir des aliments microbiologiquement sains.
Il faut donc le faire de manière raisonnée. Pour l'instant, nous manquons d'informations. Nous avons bien sûr ces études chez l'animal, mais chez l'homme nous n'avons que des études dans lesquelles apparaissent des consommations d'aliments génériques et des simulations de doses d'exposition. C'est sur ces simulations que se fonde l'EFSA, l'Autorité européenne de sécurité des aliments, pour émettre ses avis et réévaluer les additifs. Il n'existe pas de données issues de cohorte permettant de relier l'exposition chronique aux additifs au risque de telle ou telle pathologie. Tant que nous n'aurons pas ces données, on ne bornera à fixer des doses journalières admissibles (DJA) à ne pas dépasser. Car il manque les études cruciales sur la santé et sur l'homme permettant d'évaluer correctement ces additifs et de voir si certains d'entre eux confirment les études inquiétantes chez l'animal. Ce n'est qu'en les faisant qu'il sera possible en termes de gestion du risque, si certains posent vraiment problème, de les interdire et d'imposer des doses très basses pour ceux qui doivent être consommés en quantité limitée.
Donc, sur ce sujet précis, nous sommes vraiment dans le domaine de la recherche, des besoins de recherche, et donc du financement de la recherche.