Ce que vous soulevez est effectivement très intéressant. Cela pose, à nos yeux, des défis méthodologiques à l'évidence très sensibles.
Il est vrai que, par exemple, quand on entend que le dioxyde de titane (TiO2), est potentiellement problématique, les industriels changent la composition, mais ils vont introduire du dioxyde de silicium, (SiO2), ou d'autres nanoparticules qui ne seront plus le même additif mais qui, potentiellement, poseront d'autres problèmes. Pour nous, d'un point de vue épidémiologique, il est vrai qu'il faut sans arrêt prendre en compte ces changements, avoir une évaluation répétée des consommations pour avoir une évaluation fine au cours du temps. C'est assez compliqué.
Lorsque ces principes de précaution et ces sensibilisations du grand public font qu'une pression s'exerce sur le monde industriel et que celui-ci supprime ou change ces additifs, cela va plutôt dans le bon sens. Mais nous sommes bien d'accord : sur les nitrites dans les jambons, par exemple, il y a des innovations pour pouvoir écrire sur l'étiquette « jambon sans nitrites », mais cela est remplacé par d'autres procédés qui font qu'il y a toujours autant de nitrites dans le jambon et que l'effet n'est pas différent sur la santé. Nous sommes parfaitement conscients de ces stratégies et nous essayons d'adapter nos techniques épidémiologiques scientifiques à ces contraintes.
Quant à la question que vous soulevez, si l'objectif est vraiment la santé de la population, il faudrait, dans l'idéal, marcher dans l'autre sens, c'est-à-dire démontrer l'innocuité d'un produit que l'on n'est pas obligé de consommer. Nous ne sommes pas obligés d'avoir des nanoparticules dans notre alimentation. Il faudrait d'abord démontrer cette innocuité pour, après, l'autoriser éventuellement – et ne pas marcher à l'inverse. C'est un point de vue.