Oui, absolument. Nous avons accès à cela. La limite de NutriNet-Santé est qu'elle ne concerne pas l'ensemble de la population. Y échappe donc une partie de la population qui est une population particulièrement à risque, même si, par le principe et l'accessibilité que permet internet, nous avons aujourd'hui accès à des populations qui, d'ordinaire, nous échappent lorsque nous devons envoyer des enquêteurs à domicile ou lorsque nous demandons de répondre par courrier. Donc, nous constatons une prévalence, plus élevée que ce que nous observons dans d'autres études, de niveaux socio-économiques un peu plus défavorisés. Mais les sujets à plus haut risque nous échappent toujours.
Malgré cela, nous avons la possibilité de prendre en considération le niveau de revenu, d'éducation, d'habitat, et bien d'autres d'éléments qui nous permettent, et nous ont déjà permis, de montrer que les inégalités sociales de santé dans le champ de la nutrition sont extrêmement marquées. En termes de consommation de fruits et légumes, nous constatons bien évidemment des différences considérables entre le fait d'être ouvrier ou d'être cadre. Lorsque, à l'inverse, nous regardons les consommations de produits ultra-transformés, il apparaît que ces produits sont plus consommés par des populations de plus faible niveau socio-économique.
Donc, oui, nous sommes capables de répondre. Nous travaillons sur le sujet et nous essayons d'intégrer ces dimensions, car elles sont extrêmement importantes pour proposer ensuite des actions et des mesures de santé publique. Mais aujourd'hui, l'accessibilité économique des produits ultra-transformés, de moindre qualité nutritionnelle et plus riches en additifs, est plus grande. Ils sont consommés plus facilement par des populations plus précaires, d'autant qu'ils font l'objet d'un marketing très important auquel ces populations vulnérables sont plus sensibles.