Intervention de Serge Hercberg

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 9h20
Commission d'enquête sur l'alimentation industrielle : qualité nutritionnelle, rôle dans l'émergence de pathologies chroniques, impact social et environnemental de sa provenance

Serge Hercberg, directeur de l'Équipe de recherche en épidémiologie nutritionnelle (EREN) :

Nutri-Score est, en effet, un fruit de la recherche de notre équipe en collaboration avec d'autres équipes. Nous avons beaucoup travaillé sur NutriNet-Santé pour élaborer ce système qui est enfin mis en place et constitue une véritable avancée. Vous avez raison, la limitation est qu'il soit facultatif, même si l'on peut penser qu'après tout, les consommateurs pourront aussi être arbitres dans ce domaine et faire pression sur les industriels, un industriel qui n'appose pas Nutri-Score peut paraître être un industriel qui a des choses à cacher. Donc, le consommateur informé peut être arbitre dans ses choix alimentaires.

Il faut que la France soutienne aujourd'hui le Nutri-Score au niveau européen pour qu'il devienne un système harmonisé sur l'ensemble de l'Europe. Il faut rediscuter la possibilité de la rendre obligatoire. S'il n'est pas possible aujourd'hui à un État de rendre obligatoire un système d'information complémentaire, c'est parce qu'il existe un règlement bloquant, qui a d'ailleurs été beaucoup défendu par les opérateurs économiques au milieu des années 2000 pour empêcher que ce droit à la transparence devienne obligatoire.

Mais nous assistons à une implémentation, un développement en France. C'est un bon modèle, utile, dont l'efficacité a été démontrée par de très nombreux travaux. Il faut aujourd'hui l'élargir. Je reviens, par exemple, sur le fait que si nous ne pouvons pas le rendre obligatoire sur les produits, on peut le rendre obligatoire sur la publicité pour les produits. Il est extrêmement important de jouer là-dessus, puisque ce sera une incitation forte pour les industriels de l'apposer et qu'il n'y a pas blocage au niveau européen. C'est donc un véritable enjeu que de populariser le Nutri-Score et de jouer sur les industriels qui résistent aujourd'hui, quelques groupes qui s'opposent au Nutri-Score.

Nutri-Score porte certes sur la qualité nutritionnelle, mais vous avez vu que les aliments ultra-transformés sont ceux qui ont la moins bonne qualité nutritionnelle et contiennent le plus d'additifs. Nous pouvons donc penser que l'utilisation du Nutri-Score poussera vers des évolutions de consommation donc vers des produits de meilleure qualité nutritionnelle et comportant moins d'additifs. Les simulations de nos études ont très bien montré que les personnes exposées au Nutri-Score ont tendance à augmenter la consommation des produits bruts qui sont, par définition, des aliments de meilleure qualité nutritionnelle et comportant aussi moins d'additifs.

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