Sur ce sujet qui a fait couler beaucoup d'encre, où beaucoup a été entendu – des bêtises comme des vérités – , le fait d'être en désaccord ne m'empêche pas de reconnaître la constance et le travail d'Olivier Falorni et de Loïc Dombreval. Je salue également le travail de Laurence Maillart-Méhaignerie, qui a tenté de trouver des solutions en commission pour sortir par le haut de ce dossier et éviter à l'avenir de vaines polémiques qui ne font pas avancer la cause que nous défendons tous ensemble, celle du bien-être animal.
Il s'agit de trouver une trajectoire, un compromis entre ceux qui veulent que rien ne bouge et ceux qui veulent tout mettre en mouvement au risque de fragiliser l'édifice et de mettre les abatteurs au pied du mur. Pour ma part, je prône le dialogue car c'est ainsi que nous réussirons.
S'agissant de la vidéosurveillance en abattoir, il faut rappeler que les abatteurs ont l'obligation d'assurer eux-mêmes les conditions de mise à mort décente, qui sont de leur responsabilité. La vidéosurveillance peut être un moyen de contrôle interne parmi d'autres. Elle pose cependant certaines questions.
En matière des droits des salariés, tout d'abord, la vidéosurveillance pourrait avoir pour effet d'aggraver le mal-être au travail. À ce titre, mesdames, messieurs les députés, j'encourage chacun d'entre vous à lire le rapport de l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail, qui souligne le risque de recourir à des personnels non formés alors que nous considérons la formation comme le maître mot de la protection animale, qui permet d'éviter la souffrance animale.
Dans le département d'où je viens, la Manche, il y a des abattoirs, dont certains sont en grande fragilité. Je connais nombre d'hommes et de femmes qui y travaillent : tous décrivent un travail très difficile. Ceux qui sont sur la chaîne d'abattage – disons-le, car il faut aussi nommer ces réalités – y travaillent toute la semaine, dès 8 heures le lundi, en deux ou trois huit, voire le week-end ; nous connaissons les difficultés que cela peut provoquer dans la vie de tous les jours. Cette souffrance au travail entraîne un turn over important des salariés. Comme il faut bien continuer d'exploiter le site, cela conduit à recourir à des intérimaires, pour lesquels le temps de la formation n'est pas toujours suffisant. Il est donc nécessaire de former ces salariés et de les accompagner, mais aussi de les sanctionner si, une fois formés et dotés de la qualification nécessaire, ils font subir à l'animal des souffrances inutiles.
Dans de nombreux cas, toutefois, la vidéo ne permet pas d'identifier s'il y a ou non souffrance des animaux. Certains animaux, par exemple – pardonnez-moi ces détails, pourtant nécessaires – effectuent des mouvements de pédalage qui peuvent tout aussi bien être le signe d'une souffrance que de simples mouvements réflexes. Pour en juger, il faut savoir si l'animal est conscient ou non, donc pouvoir contrôler visuellement sa respiration, ce qui, aujourd'hui, n'est pas possible sur une vidéo, même de haute qualité.