Madame Chapon, nous tenons tous à vous féliciter, vous et vos associés, pour cette initiative dont le succès est incontestable. Vous venez de nous confirmer que vous avez dépassé les 3,5 millions d'utilisateurs ! C'est un très beau succès.
J'ai moi-même découvert l'application il y a quelque temps et j'en suis contente. Comme vous l'avez rappelé, son rôle d'information sur la composition des aliments permet de guider et d'éclairer les choix des consommateurs qui, bien souvent, sont démunis face aux étiquettes sur les produits industriels et à leurs termes techniques peu compréhensibles et trop complexes.
L'une des plus grandes forces de votre application, de manière tout à fait indéniable, est son accessibilité. J'espère qu'il ne sera pas vérifié qu'il y a des brouilleurs dans certains supermarchés. Cela aurait de toute manière des répercussions négatives sur la fréquentation même de ces magasins : si les gens ne peuvent plus y téléphoner, ils ne s'y rendront tout simplement plus.
Dans la mesure où elle est gratuite, toute personne disposant d'un smartphone peut accéder à cette vaste base de données concernant la composition des aliments. La gratuité de votre application pose toutefois une question sur votre modèle économique. Nous l'avons vu avec la précédente audition : l'argent est le nerf de la guerre ; il est nécessaire pour évoluer.
Sur quel modèle économique repose donc votre application, et pensez-vous qu'il permettra le développement de votre start-up ? Vous avez commencé à répondre à cette question mais est-il facile pour vous de rester indépendants vis-à-vis de l'industrie agroalimentaire et des marques que vous recommandez ? Des liens ne vont-ils pas se créer avec le secteur agroalimentaire ? Comment pouvez-vous vous en prémunir ?
Le professeur Serge Hercberg a précisé tout à l'heure le potentiel de risques cancérogènes des aliments ultratransformés. Quelle est la position de Yuka sur ce sujet dans la mesure où une rapide navigation sur votre application montre que vous en recommandez certains ? De quelle manière sont sélectionnés les produits recommandés par Yuka ?
Je conclurai, enfin, par une dernière question. L'industrie agroalimentaire et la grande distribution se sont insurgées contre le Nutri-Score. Comme l'a souligné notre président tout à l'heure, un acteur de la grande distribution envisage déjà de lancer une application similaire à Yuka. Ne craignez-vous pas que certains reprennent votre outil pour le détourner à leur avantage ? Comment comptez-vous vous prémunir contre ce risque dans un monde tel que le nôtre soumis à une forte concurrence ?