Monsieur le ministre de la transition écologique et solidaire, le groupe pétrolier français Total compte mettre en service la bioraffinerie de la Mède, dans les Bouches-du-Rhône, à l'été 2018. Celle-ci sera en mesure de traiter 650 000 tonnes d'intrants pour produire 500 000 tonnes par an de biodiesel, véritable alternative aux carburants d'origine fossile. Dans un communiqué en date du 16 mai dernier, Total fait savoir que sa bioraffinerie s'approvisionnera à hauteur de 60 % à 70 % d'huiles végétales brutes d'origines aussi diverses que le colza, le tournesol, le soja ou la palme.
Parmi les associations environnementales, les agriculteurs, les représentants syndicaux du monde agricole, cette annonce soulève des inquiétudes légitimes. L'approvisionnement en huile de palme entraîne une déforestation qui, je le rappelle, représente plus de 10 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales, fragilise l'écosystème, la biodiversité et affecte aussi les populations locales.
Si Total s'est engagé à se fournir en huiles de palme labellisées, ces systèmes de certification sont toutefois jugés insuffisants par les organisations non gouvernementales et les industriels. Ce projet ferait bondir les importations françaises d'huile de palme de 64 %. Comment oserions-nous nous poser en leader mondial de la cause environnementale et « en même temps » favoriser de telles importations ?