Madame la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation, il y a quelques mois, vous nous avez présenté votre réforme Parcoursup comme la solution idéale aux difficultés d'affectation des étudiants dans les universités. Mon groupe avait exprimé ses interrogations sur le processus mis en place et sur l'application à marche forcée d'une réforme encore inaboutie. Il fallait, toutes affaires cessantes, mettre un terme au processus d'admission post-bac – APB – , au motif que, dans un certain nombre de cas très limités, il était procédé à un tirage au sort entre des candidats aux profils similaires.
L'entrée en application de votre réforme a donné lieu à des réserves considérables des professeurs, qui se refusent à ce que les appréciations, qu'ils énoncent dans un but pédagogique, servent d'outil de sélection. C'est ensuite un travail supplémentaire non négligeable qui est demandé aux enseignants, dont il faut saluer la conscience professionnelle, pour trier et apprécier des dizaines de milliers de dossiers. Mais quand 6 500 candidats doivent être classés dans un ordre hiérarchique pour 65 places, ils sont départagés par un centième ou un millième de point, ce qui crée une part d'aléa difficilement maîtrisable. Désormais, en pleine période de préparation du baccalauréat, les jeunes doivent se connecter tous les jours pour voir s'ils sont passés de 3000ème à 2900ème sur la liste d'attente. Être relégués à la fin du classement porte fortement atteinte à l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes.
Comme on pouvait le craindre, les bons élèves des bons lycées sont rapidement fixés sur leur sort, mais les autres, dans les quartiers populaires, restent dans l'expectative. Quel coup on leur porte !
La plateforme Parcoursup est en train de devenir un outil de sélection à leur encontre.