Intervention de Dominique Potier

Séance en hémicycle du mardi 29 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Après l'article 14 septies

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDominique Potier :

Les arguments développés par M. Chassaigne, Mme la rapporteure pour avis de la commission du développement durable et mon collègue du groupe Nouvelle Gauche, Guillaume Garot, puisent tous dans la même source philosophique de notre civilisation : la règle d'or, qui consiste à ne pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fasse à nous-mêmes. Il peut paraître incongru d'appliquer cette règle aux relations internationales, mais cette perspective est peut-être profondément révolutionnaire et novatrice. L'appliquer, c'est, en réalité, être fidèle à notre tradition.

Tout à l'heure, j'ai eu le bonheur d'accueillir des lycéens de Gonesse, qui font une enquête sur Europacity et l'artificialisation des terres. Je leur ai montré, dans la cour d'honneur, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 et la sphère centrale, qui symbolise le caractère universel de cette dernière. Le droit révolutionnaire, inspiré des Lumières, qui a fondé l'Assemblée nationale, est un droit universel, applicable jusqu'au bout du monde. Cet amendement s'inscrit dans la philosophie des Lumières, et est inspiré par un principe spirituel qui a fondé notre civilisation.

Cette préoccupation est très contemporaine. Je suis administrateur suppléant de l'Agence française de développement : l'objet de tous les séminaires qu'elle organise est le travail sur les communs, la cohérence de notre politique publique, l'aide au développement, et l'éthique des entreprises. Cet amendement est tout sauf incongru. Il est novateur et, si j'ose dire, prophétique.

Avec des arguments tels que ceux développés par le rapporteur et le ministre, nous n'aurions toujours pas aboli l'esclavage, puisque la France a été l'un des premiers pays à le faire. Nous n'aurions pas voté l'instauration du devoir de vigilance, il y a un an. Nous ne combattrons pas aujourd'hui l'accaparement des terres par des forces spéculatives en France, et, de façon cohérente, en interdisant à nos propres fonds spéculatifs d'accaparer des terres au bout du monde. Selon l'ONU, c'est une source de misère plus importante que le sont les guerres, aujourd'hui, dans le monde.

Cet amendement important est peut-être un moment de vérité pour la majorité. Est-ce que l'éthique n'est, pour vous, qu'un fanion en haut du mât, ou est-ce le gouvernail de l'action publique ?

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