Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du mardi 29 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Article 15

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

Nous essayons, avec cette loi, de créer de la confiance, de diminuer la complexité et de travailler sur la compétitivité. Il faut se demander si la séparation des activités de conseil et de vente aboutira ou non à plus de confiance, plus de compétitivité et moins de complexité. Pour ma part, je ne le pense pas. Vous avez d'ailleurs vous-même déclaré en commission, monsieur le ministre : « le temps dont nous disposerons permettra de définir le contenu de ce que doit être le conseil », voyant bien qu'il faudrait quelques mois d'ici à la publication des ordonnances pour voir comment faire. Si vous en êtes là, c'est parce que le Président de la République a déclaré un jour qu'il fallait séparer les activités de conseil et de vente. Mais vous savez ce qu'il en est des déclarations des présidents de la République – j'ai dit non pas « du », mais « des ». Vous vous souvenez comme moi que François Hollande avait voulu faire la même chose pour les activités bancaires.

Comme vous le savez parfaitement, monsieur le ministre, les coopératives appartiennent aux agriculteurs. Or, au sein des coopératives, il y a des agronomes, des gens qui suivent les agriculteurs en effectuant des visites annuelles, pluriannuelles ou encore ponctuelles, lorsqu'un problème cultural et technique particulier se pose. Par ailleurs, vous le savez très bien, les agriculteurs savent négocier. Et, les activités de conseil et de vente étant liées, ils négocient à la fois le conseil et le produit. Si vous séparez les activités, que se passera-t-il ? Il y aura un surcoût.

En outre, si vous les séparez, qui créera les entreprises de conseil ? Regardons là encore ce qui s'est passé dans le secteur bancaire. À un moment ou un autre, des capitaux proviendront probablement d'acteurs de la vente, et vous ne pourrez pas l'éviter. Car ces acteurs seront cachés ; ils resteront minoritaires. Donc, le système coûtera plus cher et sera plus compliqué.

Enfin, si l'on sépare les deux activités, utilisera-t-on moins de produits phytopharmaceutiques ? Nous partageons tous, sur les bancs de cette assemblée, l'objectif de produire toujours mieux et en volumes plus importants – car notre agriculture a une vocation exportatrice forte. Mais je ne suis pas persuadé, je le répète, que cette mesure apportera une solution.

Bref, réfléchissons-y, arrêtons de complexifier les choses et ne donnons pas de mauvais signal. Vous savez très bien que les agriculteurs ne pourront malheureusement pas assumer ce surcoût ou que, à tout le moins, ils devront supporter cette charge supplémentaire. Alors, au nom du bon sens dont vous avez fait preuve en commission lorsque vous avez indiqué que nous verrions comment faire dans quelques mois, convenons que ce n'est pas le moment de séparer ces activités. Nous avons tous en mémoire ce qui s'est passé dans le secteur bancaire. Cela devrait nous faire réfléchir un tout petit peu.

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