Intervention de Loïc Prud'homme

Séance en hémicycle du mardi 29 mai 2018 à 21h30
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Après l'article 15

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLoïc Prud'homme :

On peut constater que cette demande de bon sens, déjà formulée par notre collègue Mme Dalloz, recueille un large consensus tant de notre côté de l'hémicycle que de l'autre.

Nous partageons en effet le constat qu'aujourd'hui nous ne payons pas les produits issus du modèle agricole dominant à leur juste valeur. Le prix payé par les consommateurs ne couvre pas les coûts environnementaux et sociaux : destruction de la biodiversité et de l'environnement ; épuisement des ressources naturelles ; raréfaction des emplois ou encore, comme notre collègue l'a souligné, souffrance généralisée du monde paysan.

Plusieurs associations, dont Fermes d'avenir, proposent de revoir la compatibilité des activités agricoles pour en rendre visibles les coûts réels pour la société. Il s'agit d'ajouter à la notion de capital financier celle de capital social et environnemental.

À l'inverse, une ferme gérée de façon écologique et durable crée de la richesse en restaurant la vie des sols, en générant une activité plus intensive en main-d'oeuvre, en supprimant les risques sanitaires liés notamment à l'épandage massif de pesticides. Elle peut aussi porter des projets pédagogiques autour d'une alimentation saine, de l'éducation au goût et de la gastronomie locale.

Mais cela suppose des coûts et du temps pour les agriculteurs et les agricultrices. Selon les règles comptables en vigueur, implacables, ces coûts sont des charges. Le temps passé devient ainsi invisible. Ces fermes sont pénalisées sur le plan économique de court terme alors qu'à moyen et long terme elles préservent nos ressources communes par leur bon sens paysan.

Une telle agriculture soutenable est indispensable ; elle est même la seule à avoir un avenir, nous le défendons ici depuis plusieurs jours. Il est urgent de rendre lisible et mesurable la valeur créée par ces fermes. Si tous ces services n'ont pas vocation à être rémunérés, il est urgent de les valoriser selon des critères de durabilité et de résilience.

C'est pourquoi nous demandons nous aussi au Gouvernement de nous remettre un rapport évaluant ce qu'en langage économique on appelle les externalités positives de l'agriculture paysanne afin qu'on puisse les rémunérer plus largement qu'au travers des mesures agro-environnementales et climatiques, les MAEC, du pilier 2 de la PAC.

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