Bien sûr. Je ne veux faire de jaloux sur aucun banc : Sébastien Jumel, André Chassaigne, et d'autres.
Cela a été pour nous l'occasion de rencontres. Pour moi, le propos qui m'a le plus marqué a été celui de Bruno Dufayet, le président de la Fédération nationale bovine, venu en commission pour nous réclamer un nouveau contrat social entre les agriculteurs et la société. Je le cite : « Qu'attend-on de nous ? Vous voulez la compétition, le modèle néo-zélandais ? On le fera. Une agriculture familiale de proximité, qui intègre le bien-être animal ? On le fera. Vous voulez tout à la fois ? C'est aux Français et à vous, les politiques, de fixer un cap. »
À la suite de ce propos, nous nous sommes rencontrés à nouveau et le moment où j'ai éprouvé le plus d'estime pour Bruno Dufayet et où les choses se sont, pour ainsi dire, transformées est celui où je lui ai parlé du mieux-être animal – à défaut de bien-être animal, en effet, il faudrait aller au moins vers le mieux-être. Bruno Dufayet n'a pas eu de réaction négative ni de repli. Au contraire, il a expliqué qu'il était allé à la rencontre du WWF, de la Fondation Nicolas Hulot, de France nature environnement, et avait travaillé avec eux pour voir dans quelle direction il pouvait aller pour créer du mieux-être animal, notamment en mettant le plus longtemps possible ses vaches à la pâture. Sur le terrain de l'écologie, il s'est montré soucieux par exemple d'aller vers d'autres formes de fertilisation et vers l'autonomie fourragère. Pour lui qui était responsable d'une filière, cela montrait une véritable volonté de transformation de l'agriculture, et il y avait là pour moi des raisons d'espérer : on pouvait être optimiste au sujet de l'agriculture, il y avait quelque chose sur quoi on pouvait s'appuyer pour aller dans une bonne direction.
L'alerte qu'il me lançait, alors que les États généraux de l'alimentation battaient leur plein, et la raison pour laquelle il est venu me voir de nouveau, c'était l'accord de libre-échange avec le Mercosur. Le CETA – l'Accord économique et commercial global, c'est-à-dire l'accord avec le Canada – l'avait déjà inquiété, tout comme l'accord avec le Mexique, mais il venait m'alerter à propos de l'accord avec le Mercosur, pour dénoncer le risque de voir arriver en France quelque 90 000 tonnes de boeuf argentin et brésilien, en plus des 20 000 tonnes de boeuf mexicain.