Intervention de Jérôme Nury

Séance en hémicycle du mercredi 30 mai 2018 à 15h00
Équilibre dans le secteur agricole et alimentaire — Explications de vote

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJérôme Nury :

Alors que nous allons devoir nous prononcer sur ce texte, je dois avouer être plus Normand que jamais. Entre la philosophie générale plutôt positive du titre I et les fortes contraintes supplémentaires imposées aux agriculteurs dans le titre II, entre les avancées intéressantes pour redéfinir les relations contractuelles et le manque criant de volontarisme pour redonner du poids aux agriculteurs, je suis partagé, dubitatif et inquiet.

Ce texte, dans la version que nous transmettrons au Sénat, n'est pas à la hauteur des enjeux. Les enjeux, monsieur le ministre, vous les connaissez : il s'agit ni plus ni moins que de sauver notre modèle agricole, l'agriculture française, celle qui irrigue nos campagnes, celle qui façonna notre histoire et notre géographie, celle qui se transmet souvent de génération en génération, celle que nous avons tous dans notre ADN. Il s'agit de redonner de l'espoir à ces centaines de milliers d'hommes et de femmes qui, dans nos territoires ruraux, désespèrent de travailler dix à douze heures par jour, souvent sept jours sur sept, sans vacances ni week-ends, pour seulement quelques centaines d'euros par mois. Il s'agit de donner des perspectives positives à des cultivateurs qui – notamment dans mon département de l'Orne – produisent du blé à perte, à des éleveurs qui voient ce mois-ci le prix de la tonne de lait passer à moins de 300 euros – une évolution dramatique. Beaucoup ne croient plus en leur métier, qu'ils aiment pourtant profondément ; beaucoup souhaitent même le quitter. Ce texte, c'est la dernière bouée de sauvetage que nous pouvons leur tendre dans cette tempête de détresse qui s'abat sur le monde agricole. Or j'ai le sentiment qu'on leur lance une bouée dégonflée, car une fois encore, avec la méthode habituelle que nous connaissons depuis près d'un an, le verbe est haut mais les actes sont faibles.

Oui, monsieur le ministre, il est à craindre que les états généraux n'aboutissent qu'à des déceptions. Au début de nos débats, nous avions pourtant tiré la sonnette d'alarme sur les risques d'un texte insuffisamment volontariste pour inverser le rapport de forces entre les agriculteurs, les transformateurs et les distributeurs. Et à l'issue de nos discussions, nous ne sommes pas plus rassurés. Certes, nous avons pu introduire, grâce aux députés Les Républicains, des améliorations importantes dans l'article 1er, d'abord en prévoyant la neutralité des indicateurs de coûts, ce qui évite les indicateurs tronqués ou subjectifs établis par des acteurs dominants peu respectueux de nos agriculteurs… ,

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