Je suis profondément déçu, car j'avais cru sincère votre volonté de travailler ensemble. Où est la co-construction ? Faut-il comprendre qu'elle ne se fait qu'avec un côté de l'hémicycle ? Et que dire du traitement infligé à Jean-Louis Borloo, chargé par le Président Macron d'un rapport sur les banlieues ? Après des semaines de travail intense sur un sujet qu'il connaît bien, il rend un rapport dont la qualité est saluée par tous, mais que le Président méprisera ensuite.
Le décalage est grand entre les moyens et les ambitions affichées. C'est à se demander si nous ne serions pas tous victimes de publicité mensongère. La République en marche n'a peut-être pas le monopole des bonnes idées. Certes, un véritable effort a été consenti pour lever certains blocages opérationnels comme la lutte contre les recours abusifs ou les marchands de sommeil. Mais si la majorité faisait fausse route sur les quartiers et la ruralité ? Les banlieues restent en plan.
Le texte ne tient compte qu'à la marge des alertes de nombreuses parties prenantes, comme l'association des maires ou l'ordre des architectes. Peut-on bâtir une politique efficace sans eux ? L'aménagement équitable du territoire exige de n'exclure personne, de n'oublier personne. Dommage que le consensus n'ait été qu'une façade.
La volonté de réformer le logement social est certaine, mais elle peut conduire à détourner encore davantage les opérateurs de leur mission première qui est de loger ceux en difficultés. Pire, elle risque d'éloigner les acteurs du territoire en raison de seuils déconnectés des réalités locales. Ce qui est le cas de ce seuil invraisemblable de 15 000 logements que vous imposez aux organismes HLM pour se regrouper ! L'Île-de-France n'est pas la France !
Beaucoup en appellent à la mixité sociale, ce qui est bien, mais il y a un problème de marqueur. Nous devrions plutôt regarder, mes chers collègues, la part de population aidée dans les territoires, plutôt que la part des logements aidés qui peuvent accueillir des occupants non aidés.
Ainsi, le taux d' « APLisés » chez les bailleurs sociaux dans les zones détendues peut avoisiner le double de celui dans certaines métropoles. L'impact des restructurations imposées peut alors avoir des effets beaucoup plus néfastes dans les zones détendues.