Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du mercredi 30 mai 2018 à 21h45
Évolution du logement de l'aménagement et du numérique — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Tous les élus locaux disaient la même chose, car, si quelqu'un décide, à l'autre bout de la région parisienne, de qui ira habiter en un lieu donné, on devine le résultat : il y enverra tous ceux dont il ne veut pas dans la commune où il se trouve.

Je ne dis pas qu'il fallait laisser à chaque commune le soin de décider de qui viendrait s'installer chez elle – on sait à quels abus cela conduirait. Il faut évidemment un peu de mobilité, mais pas des monstres, qui répartissent les gens sans tenir compte de rien, ni de leur lieu de travail, ni de ce qui leur ferait plaisir – cela, n'en parlons pas. Évidemment, des monstres de cette nature ont tendance à considérer que, si cela ne fonctionne pas dans un coin, ce n'est pas grave.

Et c'est ainsi que l'on est arrivé à la situation que nous avons connue dans ce qui était un fleuron du logement social en France. On y faisait des reportages, tellement c'était beau, mais on ne peut pas dire aujourd'hui que Grigny La Grande Borne soit le modèle d'une réussite. Ceux qui possédaient ces logements ont considéré que tout allait bien, jusqu'au moment où l'on s'est aperçu que ça ne roulait pas, mais il était déjà trop tard, la pente était prise. Je n'entre pas plus dans le détail, car mon intention n'est naturellement pas de stigmatiser les populations qui s'y trouvent. C'est tout le contraire, je les ai beaucoup chéries.

Voilà quelques-unes des mesures qui vont dans le sens que j'indiquais au début. Ce qui va nous séparer dans ce débat, ce n'est pas la technique, c'est la visée politique et le ressort sur lequel nous croyons que peut s'appuyer le développement du logement social.

Je demande que notre débat puisse garder la nature de cette confrontation. Je suis certain qu'il n'y a personne ici qui veuille mettre tout le monde dans le même type de logements et niveler la population. Ce n'est pas notre but. La priorité, je l'ai dit tout à l'heure, est de briser la spéculation, de casser le mécanisme de ghettoïsation, de faire face au surpeuplement et d'assurer un nouveau modèle de développement de la ville, tant par les matériaux qui la composeront que par la manière de l'étendre. La ville s'étend à l'horizontal ; nous ne savons pas si c'est une bonne idée, beaucoup pensent que non, qu'il faudrait qu'elle s'étende en vertical. Là aussi, nous connaissons les limites de cet exercice, pour le confort de la vie humaine.

Bref, c'est un très beau sujet que celui que nous abordons. J'espère avoir convaincu du fait que c'est un sujet hautement politique. D'une certaine manière, il renvoie au projet de société dont chacun d'entre nous est porteur et représentant pour la population qui nous a élus, afin de faire entendre sa parole à la tribune et dans les décisions que nous prenons.

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