C'est une vraie révolution.
Hier, le président Mélenchon évoquait Haussmann, préfet du département de la Seine à la fin du XIXe siècle – qui fut, en quelque sorte, le premier chargé d'une GOU,grande opération d'urbanisme. L'empereur Napoléon III lui avait donné l'obligation d'assainir la ville de Paris d'un point de vue environnemental, de construire des ensembles – à l'époque, c'était l'État qui s'en chargeait – et de faire en sorte que tous les habitants des immeubles démolis pour l'ouverture des nouvelles rues soient relogés dans les nouveaux bâtiments construits. Ce fut le premier grand programme d'aménagement. Dans ces immeubles haussmanniens, le rez-de-chaussée était consacré à un certain type de population. Les habitants des étages étaient tous locataires : au premier et au deuxième étages résidaient les gens les plus fortunés, tandis que les troisième, quatrième, cinquième et sixième étages étaient occupés par des gens moins fortunés. La mixité sociale existait.
Ce n'est qu'à la fin du XIXe siècle que ces patrimoines ont commencé à être cédés. Certains occupants ont acheté leur appartement, tandis que ceux qui n'en avaient pas les moyens conservaient le statut de locataire. Dans un même immeuble coexistaient donc des gens riches et des gens pauvres : la mixité sociale existait.
Arrivent les années 1950. Après la Libération, il faut reconstruire la France. On invente alors la technique des loyers de 1948, avec des équivalents de confort. Les locataires des immeubles haussmanniens voient leur loyer augmenter. Les propriétaires – ceux qui ont pu acheter un patrimoine et qui l'ont mis en location – sont amenés à faire des travaux, puisque la loi de 1948 leur a donné de l'argent pour qu'ils remettent sur pied des immeubles qui tombaient par terre. Alors que les loyers augmentent, de nombreux locataires n'ont plus les moyens de les payer : les moins riches quittent ces ensembles immobiliers par l'ascenseur ! C'est ainsi que les immeubles haussmanniens de Paris sont devenus des ghettos pour riches.