Intervention de Marielle de Sarnez

Réunion du jeudi 17 mai 2018 à 14h30
Mission d'information sur le suivi des négociations liées au brexit et l'avenir des relations de l'union européenne et de la france avec le royaume-uni

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarielle de Sarnez, présidente :

L'histoire qui a été racontée n'était pas la bonne. Il est évident qu'il y aura des problèmes. Je suis frappée par l'incertitude, l'imprévisibilité, l'incapacité à anticiper l'ensemble des sujets et des problèmes qui se poseront, lesquels sont très nombreux. Or en économie, la capacité à anticiper l'avenir est une donnée fondamentale. Vous savez tout cela mieux que nous. Je pense que la responsabilité de cette commission est d'exprimer et de faire passer, de la manière la plus forte possible, la nécessité absolue d'avoir une prévisibilité. Il faut savoir vers quoi nous allons, comment, et à quoi nous voulons aboutir. Évoquant la négociation, Michel Barnier considère qu'il faut divorcer d'abord, puis songer aux modalités de ce qui se passera après. Je le comprends. C'est sa position. Pour ma part, je considère plutôt que, lorsque l'on divorce, on regarde en même temps qui gardera les enfants et qui paiera quoi. Il n'y a pas d'abord le divorce, puis la réflexion sur les modalités. Nous sommes, à mon sens, obligés d'avancer quasi en même temps sur la séparation et sur le nouveau partenariat. C'est un point que notre Parlement doit défendre avec force.

Reste aussi à savoir de quel type sera ce partenariat nouveau. Theresa May indique qu'il faudra un special partnership. La Commission européenne évoque un accord de libre-échange. Comme vous l'avez dit, négocier un tel accord est toujours très long. Ce ne serait donc pas nécessairement la panacée. Ajoutons que nous n'avons pas seulement des intérêts commerciaux avec le Royaume-Uni, mais aussi des intérêts de sécurité, de nucléaire, de recherche, etc. Nous savons tous que l'accord ne pourra pas conférer à la Grande-Bretagne un statut aussi intéressant ou plus intéressant que celui qu'elle avait au sein de l'Union européenne. Tout le monde le comprend. Mais nous voyons bien aussi que nous avons une obligation, pour vous-mêmes et pour notre économie française, d'avancer. C'est pour cela que cette commission est importante. Il importe que nous arrivions à prendre conscience que nous devons avancer sur la relation future et que nous devons avancer vite, en la prévoyant et en la construisant quasiment dès maintenant.

Enfin, la solution ne sera pas nécessairement un accord de libre-échange. Nous sommes plusieurs ici à suggérer un accord d'association, qui serait plus profond qu'un simple accord de libre-échange. Cela a été la position très consensuelle du Parlement européen dans une résolution assez intéressante. Nous aurons de toute façon, à l'Assemblée nationale, à nous exprimer sur ce choix et sur cette vision. Je pense que nous avons, nous Français, à porter une vision.

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