En réalité, qu'est-ce qui fait la force de la DARPA ? Nous distinguons trois facteurs. D'abord, sa force de frappe financière, qui est considérable. Ensuite, l'écosystème de recherche et de R&D sur lequel elle s'appuie, qui constitue un véritable complexe militaro-numérique. Enfin, ses méthodes de travail.
On l'a dit, la DGA peut certainement investir davantage dans la deep tech, mais elle ne rivalisera avec la DARPA sur ce plan. Quant à l'offre de recherche et de R&D, le réseau universitaire américain n'a guère d'équivalent dans le monde, non pas du point de vue qualitatif, car nos chercheurs soutiennent parfaitement la comparaison, mais du point de vue quantitatif.
En revanche, s'il y a une chose pour laquelle la France peut s'inspirer de la DARPA, ce sont ses méthodes de conduite de projet, notamment l'acceptation de l'échec. Les Américains sont capables d'accepter que plusieurs dizaines de millions de dollars aient été dépensés sans que cela débouche sur le développement d'un équipement. Chez nous, dépenser de telles sommes en R&D sans débouché capacitaire créerait un scandale administratif, financier et probablement politique. C'est là une révolution culturelle en matière de recherche, et c'est à nos yeux une voie dans laquelle la DGA devrait s'engager.