Intervention de Thomas Gassilloud

Réunion du mercredi 30 mai 2018 à 9h30
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThomas Gassilloud, rapporteur :

Je vais répondre rapidement aux dernières questions. Stéphane Demilly, j'ai entendu votre question sur le forum du 5 mai mais je n'y étais pas donc je ne peux pas y répondre. Joaquim Pueyo parlait de la formation. Je constate que les personnes qui sont le mieux formées et qui progressent le plus sont celles qui changent d'entreprise tous les trois ou quatre ans. Ce n'est pas forcément transposable aux armées. La bonne formation des spécialistes repose à mon avis sur leur aptitude à alterner des postes de commandement ou d'état-major et de postes de spécialistes, puisqu'un système a toujours vocation à répondre aux contraintes de terrain. C'est ce que font très bien les gendarmes. Il faut également parler de la formation de l'ensemble des militaires. Si un soldat doit avoir des aptitudes physiques ou des aptitudes au tir, on attend aussi de lui une sorte d'hygiène numérique qui consiste à être conscient, par exemple, que s'il porte une montre connectée pendant une opération spéciale, cette montre peut diffuser sa position. Les chefs tactiques doivent aussi être formés. Je suis convaincu que même sur un champ de bataille ultra-numérisé, ce qui fera la différence au moins pour quelques dizaines d'années encore, ce sera la compétence du chef tactique, au-delà de la technologie dont il dispose.

Jean-Pierre Cubertafon posait la question des apports du big data. Si je prends l'exemple de l'armée de terre, SCORPION est une première étape dans l'exploitation de cette technologie. Grâce à l'échange en temps réel des informations, plusieurs capteurs peuvent détecter un tir ennemi et en trouver l'origine grâce à la triangulation. Mais on ne peut pas encore parler de big data au sens strict puisque l'information disparaît après avoir été partagée. L'étape suivante, c'est la capacité à stocker toutes les informations relevées sur le champ de bataille pour organiser la meilleure riposte en fonction de situations qu'on aura déjà connues. Cela impose au système de communiquer avec un data center pour stocker ces données et les valoriser.

Je souhaiterais remettre tout cela en perspective. Lorsqu'on a produit le VAB dans les années 1970, on pensait qu'on ne le modifierait pas durant trente ans. Or, le VAB a connu des « patchs » jusqu'à aujourd'hui. Le Griffon comme le VAB connaîtra dans les années à venir des améliorations, du fait du développement de nouvelles fonctions, pas toutes imaginables aujourd'hui. Par exemple, plutôt que de mettre en danger la vie de soldats dans des véhicules qui risquent de sauter sur des IED, des véhicules autonomes pourraient être placés en ouverture d'un convoi. Les cycles d'évolution technologiques seront très raccourcis.

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