La Poste est un exemple parlant des enjeux économiques de notre pays et des mutations de notre société. Le 1er mars 2010 a marqué un tournant, car elle est passée du statut d'établissement public à celui de société anonyme. À l'époque déjà, des voix s'élevaient contre ce projet de réforme. Ses détracteurs parlaient de privatisation de La Poste, de la fin des services de proximité, ou de la suppression du service public. Pourtant, il y avait urgence. La Poste, endettée à hauteur de 5,7 milliards d'euros, et victime de l'expansion extrêmement rapide du numérique, devait affronter de nombreux services concurrentiels ; depuis, elle a su repenser en profondeur son modèle économique. Permettez-moi de faire le parallèle avec le service ferroviaire, car s'il paraît simpliste, la comparaison n'en est pas moins criante de similitudes.
L'accélération de la chute du volume des courriers et la perte de chiffre d'affaires qu'elle a entraîné ont obligé La Poste à mieux optimiser l'organisation de l'activité distribution pour maîtriser davantage les charges du réseau. Au-delà, La Poste a su diversifier ses offres et multiplier les partenariats tout en maintenant un service de qualité. Je tiens à insister tout particulièrement sur ce dernier point.
En début d'année, La Poste a signé avec l'État un contrat d'entreprise pour la période 2018-2022, détaillant l'engagement pris par ce dernier de soutenir les quatre missions de service public, énoncées dans la loi. Ce contrat, qui s'inscrit pleinement dans le prolongement de celui signé pour la période 2013-2017 a su aller plus loin.
J'en donne deux exemples. En matière d'aménagement du territoire, La Poste a su favoriser le maintien de la présence postale dans les territoires ruraux, mais aussi dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville. Sur le terrain, à Marseille, ville que je connais très bien, un nouveau point de service, La Poste Relais Monoprix, a été inauguré la semaine dernière. Les habitants de l'arrondissement et ceux des alentours peuvent ainsi bénéficier de l'essentiel des services de La Poste lors de plages horaires élargies.
Cependant, dans un rapport datant de 2016, la Cour des comptes a émis un certain nombre de réserves et pointé du doigt les fragilités des objectifs du plan stratégique de La Poste qui, selon elle, ne pourront être atteints qu'avec une augmentation des prix et une réduction de coûts. S'agissant des prix, de fortes augmentations successives du prix des timbres sont-elles à craindre ? Cela conduirait les usagers et les entreprises à privilégier les échanges dématérialisés.