Je n'y manquerai pas, monsieur le président.
Vous avez été nombreux à évoquer la situation de La Poste dans les territoires. À ce sujet, je rappelle que nous sommes souvent la dernière entreprise présente dans les quartiers prioritaires de la ville. Nous n'avons pas l'intention de déserter, et nous sommes d'ailleurs en train de transformer le dispositif des bureaux de poste, soit pour nous rapprocher des points information médiation multiservices (PIMMS) lorsqu'ils sont présents, soit pour créer des MSAP. Je considère que nous devons continuer à nous développer dans ces zones, et nous essayons d'y attirer les postières et les postiers en différenciant la position salariale, c'est-à-dire en offrant des conditions salariales plus avantageuses aux salariés qui y travaillent.
Pour ce qui est des drones, j'ai dit tout à l'heure qu'il y avait une seule ligne commerciale sur la totalité du territoire. Ce dispositif ne me paraît pas applicable aux livraisons de colis dans les zones denses, qui constituent l'essentiel de cette activité. Il n'est pas impossible qu'on utilise un jour des drones pour livrer des colis sur certaines îles, comme l'île de Sein, mais, pour répondre précisément à la question qui m'a été posée, il n'y a pas de contradiction entre, d'une part, le fait de recourir à un drone pour un usage sophistiqué et correspondant à des situations très particulières et, d'autre part, le recrutement de facteurs en zone rurale, dont la présence est nécessaire pour continuer à rendre le service que nos clients attendent de nous.
J'ai bien noté qu'il y avait des problèmes de distribution dans les Yvelines, notamment à Marly-le-Roi, et nous allons nous efforcer de remédier à cette situation. Pour ce qui est des Hauts-de-Seine, la situation particulièrement difficile que l'on rencontre dans trois communes du département est connue, et très clairement liée à des conflits locaux que nous avons du mal à régler ; or, tant que le travail n'a pas repris de manière organisée et fluide à ces endroits-là, il subsiste des problèmes de distribution.
Pour ce qui est de la formation de nos agents à de nouveaux métiers, je précise que notre offre d'assistance pour l'établissement de la télédéclaration des impôts répond à une demande des clients, dont certains ont émis la crainte de ne pas être en mesure de faire seuls leur déclaration fiscale – il semble qu'ils soient plusieurs dizaines de milliers dans ce cas. Par ailleurs, ce dispositif s'applique avant tout aux territoires ruraux. Enfin, il ne concerne que les déclarations simples : si le postier tombe sur une question difficile lors de l'établissement de la déclaration, il invitera le contribuable à se rendre auprès des services des impôts – avec lesquels nous n'entendons évidemment pas entrer en concurrence. Pour ce qui est de la responsabilité, nous l'assumerons, comme nous en avons l'habitude dans le cadre de nos missions de service public, par exemple lorsque nous installons un équipement médical ou lorsque nous remettons une lettre recommandée. En revanche, j'insiste bien sur le fait que ce service simple ne saurait être assimilé à un conseil fiscal : pour obtenir la réponse à une question complexe, les personnes concernées seront, je le répète, invitées à se rendre dans les bureaux de l'administration fiscale. Notre intervention n'a pour objet que d'épargner autant que faire se peut cette démarche aux habitants des territoires ruraux, dont le domicile est parfois très éloigné des villes où sont situés les services fiscaux.
Plus globalement, bien sûr, la diversification des métiers nécessite une diversification de la formation. Évidemment, il n'est pas question que chacun des postières et des postiers fasse tous ces métiers : il y aura une spécialisation. Ainsi, certains postiers auront vocation à jouer le rôle d'écrivain public tandis que d'autres se verront confier la livraison et l'installation d'équipements médicaux, en bénéficiant dans les deux cas de la formation adaptée.
En ce qui concerne les MSAP, je peux vous en donner un premier bilan chiffré. Alors qu'aucune MSAP n'avait été créée sur le territoire entre 2010 et 2015, nous avons décidé, avec le Commissariat général à l'égalité des territoires, l'AMF et l'État, de la création de 500 MSAP, et nous l'avons fait !
Il m'a été demandé si nous étions satisfaits, et si certaines choses restaient à améliorer. Sur ce point, la première chose que nous disent les élus, mais aussi certains clients, c'est que la formation du personnel est encore insuffisante : nous allons donc devoir faire un effort en ce sens. Par ailleurs, il semble que les éléments qui nous sont fournis par nos partenaires – Pôle Emploi, la Mutualité sociale agricole, ou encore la Caisse nationale des allocations familiales – soient insuffisants pour bien informer les personnes : là aussi, il y a encore du travail. Ceci dit, nous sommes absolument persuadés que les MSAP constituent une forme d'organisation de la présence publique – pas simplement de La Poste, mais des collectivités locales et des autres institutions – qui a beaucoup d'avenir.
Il m'est difficile de vous dire combien de maisons de services au public vont être créées dans les années à venir, car cela va dépendre des engagements de l'AMF et de l'État. Des négociations sont en cours et, si chacun souhaite qu'il ait beaucoup de MSAP, nous rappelons tout de même que leur mise en place a un coût – ce point est au coeur de la discussion que nous avons aujourd'hui avec l'État et l'AMF. Si je n'ai pas d'idée arrêtée sur la question, j'estime qu'en tout état de cause, nous pouvons faire beaucoup mieux que les 500 premières maisons créées ; quant au président de l'AMF, François Baroin, il a souhaité qu'il en soit créé au moins 500 de plus.
Pour ce qui est de notre implication dans le domaine des services de proximité humaine et des rapports que nous avons avec les acteurs de l'économie sociale et solidaire qui étaient présents avant nous – dont certains sont extrêmement puissants –, nous avons déjà conclu des contrats de partenariat, notamment avec l'ADMR et les unions départementales des associations familiales (UDAF). Les besoins en matière de services de proximité vont être considérables dans les années à venir et, dans la mesure où ni les associations ni La Poste ne pourront y faire face seuls, il est de l'intérêt de chacun que nous parvenions à nous mettre d'accord sur une forme d'organisation commune.
Dans certaines régions, l'ADMR fait distribuer par ses opérateurs la tablette Ardoiz, un outil numérique conçu spécialement par La Poste pour les personnes âgées ; beaucoup moins chère que les tablettes habituelles, elle est aussi beaucoup plus simple à utiliser, et son affichage en grands caractères est adapté aux difficultés de vision que peuvent connaître les seniors – malheureusement, il y a aussi d'autres régions marquées par une coopération moins satisfaisante, voire par quelques frictions.
Les besoins en matière de services, rendus nécessaires par le vieillissement de la population, sont tels que la perspective d'une concurrence éventuelle ne m'inquiète absolument pas. Il faut s'entendre et coopérer et nous savons le faire, même si quelques dysfonctionnements sont inévitables. Pour mettre en place cette coopération, nous avons besoin d'un cadre législatif particulier. Le fait que La Poste soit considérée comme un opérateur de services de proximité, avec toute la dimension fiscale que cela implique, est quelque chose de positif. De même, nous serions très favorables à ce que le Parlement vote une disposition permettant que nous soit confié un rôle dans la mission de recensement des communes.
Pour ce qui est de l'échelon intercommunal qui a été évoqué comme futur prescripteur des schémas incitatifs de services publics, nous nous adaptons à la situation de chacun des départements. Si les élus locaux tiennent à retenir l'échelon intercommunal, il suffit qu'ils nous le fassent savoir ! Nous nous adaptons à la commission départementale de présence postale territoriale de chaque département – chacune a sa logique et sa dynamique.
En ce qui concerne l'évaluation des passoires thermiques, nous tirons un bilan très positif de l'expérience faite en Vendée, qui consistait à effectuer, sur la base des constatations effectuées par un facteur au cours de deux visites, une première appréciation des travaux de rénovation thermique nécessaires dans une habitation. Il faut maintenant parvenir à généraliser ce dispositif très efficace en négociant pour cela avec les 100 autres départements, ainsi qu'avec l'ANAH et l'Agence de l'environnement et la maîtrise de l'énergie.
Vous m'avez interrogé sur la journée des facteurs. Sur ce point, il faut savoir que le métier de facteur est en pleine évolution du fait qu'il y a moins de lettres et beaucoup plus de colis et de services. Or, par rapport aux lettres, les colis présentent deux spécificités : d'une part, ils sont plus lourds et plus encombrants, d'autre part ils arrivent plus tard, ce qui implique qu'un nombre croissant de facteurs embauchent non plus à 6 heures 45, mais plutôt à 8 heures ou 8 heures 15. De ce fait, alors que jusqu'à une époque récente, les facteurs commençaient leur journée très tôt pour la terminer vers 13 heures, ils ne peuvent plus le faire, ce qui fait qu'une pause-déjeuner devient obligatoire – ce qui décale d'autant la fin de la journée de travail. Il est évident que le modèle traditionnel de la journée de travail des facteurs est appelé à disparaître au profit d'une nouvelle organisation, qu'il reste à définir par le dialogue social, en essayant de partir sur la base du volontariat. En tout état de cause, du fait du nombre croissant de colis, les objets que nous distribuons arriveront sans doute plus tard demain.
Pour ce qui est de nos relations avec l'AMF, nous en sommes actuellement au quatrième contrat, que nous nous efforçons d'exécuter dans les meilleures conditions, et nous souhaitons conclure un cinquième contrat. Les négociations ont toujours été très positives, même s'il y a eu quelques moments de tension – que nous avons cependant toujours su surmonter –, et nous sommes convaincus que nous parviendrons à signer un nouvel accord avec l'État et l'AMF dans les années à venir.
Dans le cadre de cette relation avec l'ensemble des communes françaises, nous portons une attention toute particulière aux zones de montagne. Bien sûr, le kilomètre fait toujours mille mètres, et la dispersion de l'habitat rend les tournées de plus en plus longues, ce à quoi nous nous efforçons de remédier par la compensation horaire et l'organisation des tournées. Paradoxalement, alors qu'il y a moins d'objets, les tournées s'allongent – ce qui s'explique par le fait qu'il y a moins de personnel.
La question des zones ultramarines a également été évoquée. La Poste est l'une des toutes premières entreprises de chacun des départements d'outre-mer, et même la première dans certains d'entre eux. Vous avez raison de souligner, monsieur le député, que la logique de Mayotte et de la Guyane est très différente de celle des autres départements ultramarins et métropolitains, puisque ce sont les deux seuls départements dans lesquels les volumes du courrier s'accroissent. À Mayotte, il s'ajoute à cela un problème énorme, à savoir l'absence de véritable adressage. Nous travaillons sur cette question avec le préfet et les collectivités locales et, comme vous l'avez souligné, notre présence auprès des habitants, en particulier les personnes âgées, est un élément-clef pour l'avenir.
On nous a souvent interrogés au sujet de notre responsabilité : que se passerait-il si, juste après le départ du facteur, le client qu'il vient de voir était victime d'un accident cardiaque ? À chacune de nos interventions, nous prenons une responsabilité. Je rappelle que notre responsabilité est celle d'un lien social ; à aucun moment elle n'est de santé, et dans certains cas, pour fonctionner, les équipements médicaux requièrent l'intervention d'un médecin et d'une infirmière. Nous ne nous substituons pas aux professionnels de santé.
En ce qui concerne le refus d'ouverture de points-postes ou d'APC, nous choisissons plutôt, dans les villages ou les villes, des magasins affiliés à des chaînes, qui garantissent une viabilité économique supérieure. Dans les petits villages, nous prenons appui sur les petits commerces de proximité, auxquels ce dispositif permet d'avoir plus de clients. Je rappelle que chaque mois La Poste verse de l'argent à ces commerçants ; cela constitue donc une contribution en nature par le flux commercial, mais aussi une contribution en numéraire.
Nous réorientons effectivement l'usage des grandes postes historiques : vous avez pris, monsieur Lioger, l'exemple de Metz, qui représente un chantier immobilier considérable. Nous nous efforçons d'être le plus proactifs possible ; la réalité est qu'il faut trouver un accord avec les villes sur le prix, ce qui ralentit les choses. Nous sommes d'accord sur le projet, mais, s'il y a une cession, il faut un promoteur ou une ville, or nous devons rentrer dans nos frais ; et c'est souvent la négociation du prix qui se trouve à l'origine des retards. En revanche, nous avons vocation à être au coeur de la rénovation des centres-villes ; nous allons vous aider dans ce dispositif qui sera notamment soutenu par la loi « ELAN ».
À Mme Anne-France Brunet je répondrai qu'il nous est difficile de développer l'alternance tant que les services traditionnels régressent. Au demeurant, La Poste est une des principales entreprises d'accueil d'apprentis, et nous recourons également aux centres d'aide par le travail. La Poste est donc une entreprise leader en matière de CFA et, plus globalement, en termes de recours aux entreprises de l'économie sociale.
S'agissant des aides aux services publics, sur laquelle m'a interrogé M. Taugourdeau, je forme le voeu que l'État les maintienne dans les années à venir. Toutefois nous serons conduits à les revisiter d'ici 2022, car elles sont en permanence questionnées par la Commission européenne. Je pense que chacune d'entre elles répond à des besoins profonds, vos questions illustrent assez les besoins en aménagement du territoire : tant que la presse papier existe, elle a besoin d'un distributeur ; le service universel postal est nécessaire à la population ; quant à l'accessibilité bancaire, la question du rapporteur général a assez montré à quel point La Banque Postale est la seule à pouvoir accueillir physiquement tous ses clients.
Le numérique, monsieur Straumann, constitue pour nous un enjeu majeur, la décision a été prise par Rémy Weber de lancer cette aide digitale.
Nous pensons qu'il y aura demain la place pour deux banques, une banque de transaction, où l'on règle soi-même ses virements et opérations, c'est la banque digitale ; l'autre banque est de relation, où un conseil humain est présent pour répondre à des problèmes bancaires ou de patrimoine, et l'on y sera très content de garder La Banque Postale.
Je ne crois pas – mais c'est sans doute l'effet de l'âge et de l'expérience – qu'une famille puisse laisser un robot décider de l'acquisition d'une maison ou de la constitution d'un patrimoine en vue de la retraite ou du financement des études des enfants. Je crois que l'interaction, la capacité de l'être humain à s'adapter à toutes les situations, sont très précieuses. Si le robot est excellent pour délivrer une situation définie de A à Z, ce qui par définition n'est jamais le cas des contacts humains.
Le choix de La Banque Postale est donc d'offrir les deux possibilités : la banque digitale demain et la banque de proximité toujours.
À Mme Christine Hennion qui m'a demandé ce que les Français pensaient de notre entreprise, je ferai part de deux sondages récents commandés par le journal Le Figaro. Le premier, publié au mois de septembre 2017 demandait aux personnes interrogées quelle était leur entreprise préférée : La Poste est sortie première devant EDF, la SNCF et Décathlon. En février 2018, on a demandé aux Français quelle était l'entreprise la plus utile dans la vie quotidienne : La Poste est à nouveau sortie numéro un, et EDF numéro deux.
Nous sommes l'entreprise préférée des Français ce qui nous comble, nous remplit de fierté et nous assigne des devoirs pour continuer à développer notre groupe.