Étant jeune, j'ai eu un maître qui professait qu'il fallait « compresser l'aléa », et je crois que ce projet de loi y tend.
« Compresser l'aléa » signifie ne pas se laisser porter par l'inconscient, par la chance, mais se dire que par la formation, initiale ou continue, ou par l'apprentissage, on va acquérir un savoir-faire, une capacité, qui nous permettra de reprendre notre vie en main avec efficacité.
Hélas, dans notre société, ce sont le plus souvent ceux qui ont fait le moins d'études qui sont les plus soumis à cet aléa. Or, précisément, ce projet de loi propose aux gens risquant de perdre leur emploi dans un futur proche de repartir, non pas à l'école ou à la faculté, mais dans l'apprentissage ou dans la formation continue, et de reprendre ainsi leur vie en main. Il offre en effet la possibilité aux intéressés d'opérer un réel choix citoyen et de devenir des acteurs à part entière de la société.
De leur côté, les entreprises trouveront des gens formés et compétents, qui leur permettront d'aller de l'avant, de reprendre des marchés et de créer de l'emploi. C'est donc un jeu « gagnant-gagnant », entre des citoyens qui se remotivent et reprennent leur vie en main, et des entreprises qui aujourd'hui ne trouvent plus toujours la main-d'oeuvre qualifiée dont elles ont besoin.
Lorsque j'étais maire, il était très compliqué de demander à des agents de catégorie C, qui avaient fait peu d'études, mais possédaient de grandes capacités manuelles, de continuer à se former, car ils estimaient disposer d'un savoir-faire suffisant. Par ce projet de loi, il sera peut-être plus simple de les y inciter.
Il faudra une adaptation pour l'administration, mais c'est la même chose pour les citoyens en général : la formation nous sauvera dans un monde qui bouge, dans une France qui s'est ouverte sur le monde. Il faut à tout prix se former pour progresser, pour que notre société puisse s'adapter aux demandes des entreprises comme à celles de nos concitoyens et pour que ceux-ci deviennent plus actifs dans la société.
La commission des affaires économiques s'est saisie de sept articles qui retracent, en gros, la naissance, la vie et la mort d'un contrat pour les articles 7, 8 et 9, les autres portant sur le mode de financement de ce contrat. Il me semble que la philosophie de ces articles est de sortir du droit d'exception et de revenir au droit commun autant que possible ; ce qui ne dispense pas de conserver des sécurités pour les plus démunis et les plus faibles afin qu'ils puissent aller à la conquête de leur futur emploi et de leur vie.
Pardonnez mon lyrisme, mais je considère que ce projet de loi permet aux citoyens, aux personnes qui recherchent un travail, aux salariés, d'aller à la conquête de leur vie et d'être fiers dans leurs familles.