Intervention de Laure de La Raudière

Réunion du mercredi 23 mai 2018 à 11h45
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaure de La Raudière :

Le groupe UDI, Agir et Indépendants partage les objectifs du projet de loi. Il s'agit de faire que ceux qui ont moins accès à la formation professionnelle que les autres, qui sont moins formés et moins éduqués, et moins susceptibles de rebondir en cas d'aléa professionnel, puissent se former en priorité.

Toutefois, il faut regarder si le mécanisme proposé sera efficace ou non pour atteindre cet objectif. Car le constat des trente dernières années est accablant ; on ne peut donc pas donner un quitus complet à ce texte, mais nous l'enrichirons au fil des débats.

Le constat est accablant, car la formation professionnelle représente 32 milliards d'euros de dépense publique, et force est de constater que ça ne marche pas. Les entreprises ne trouvent pas les profils dont elles ont besoin, tandis que ce sont les personnes les plus formées qui bénéficient, proportionnellement, de plus de financements, et les moins formées qui en bénéficient le moins. Par ailleurs, on observe une baisse du nombre des personnes en apprentissage, alors que nous savons tous que l'apprentissage constitue la meilleure voie d'insertion des jeunes dans le monde du travail.

Nous souscrivons pleinement à la volonté du Gouvernement de changer cette situation de façon pragmatique, mais ce n'est pas la première fois que l'on s'attaque à cette question.

Je voudrais donc dire « bravo » sur certains points, car il n'y a pas d'approche idéologique dans ce texte, qui est pragmatique et véhicule un message politique de valorisation de la voie de réussite qu'est l'apprentissage. Nous avions besoin de ce message politique au plus haut niveau de l'État, et il faut le marteler sans relâche, car on n'efface pas vingt ans de messages politiques négatifs en un seul discours.

Deux remarques, toutefois. En premier lieu, le mode de financement est réajusté, fort bien, mais de quelle aide complémentaire disposera l'entreprise qui embauchera des apprentis ? Quel sera, dans le budget de l'Etat, le montant supplémentaire consacré à l'apprentissage ?

En second lieu, je suis dubitative quant à la création de l'agence France compétences et au retrait de la gestion aux régions. Je concède que les régions doivent gérer l'apprentissage différemment, car le résultat n'est pas satisfaisant, mais il n'empêche que ce sont elles qui détiennent les compétences économiques et les relations avec les entreprises. C'est à l'échelon régional que s'analyse le tissu économique, et il est dommage de ne pas avoir été exigeant avec les régions pour faire en sorte que le dispositif fonctionne tout en leur conservant cette compétence.

Bravo encore pour la simplification du financement de la formation professionnelle, mais le délai de cinq ans retenu pour faire évoluer le dispositif me semble très long. En effet, tant qu'une réforme n'est pas pleinement mise en place, les bénéfices ne sont pas visibles, et nous risquons fort d'être confrontés à des remises en cause politiques au cours de ces cinq ans, nous reprochant par exemple d'avoir supprimé les OPCA et nous demandant de les rétablir.

Je n'en soutiens pas moins la philosophie et les objectifs du texte, et le groupe UDI, Agir et Indépendants contribuera à son amélioration au cours des débats.

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