– Nous travaillons en très bonne intelligence, et celle-là n'est pas artificielle…
D'un point de vue épistémologique, il est nécessaire, au XXIe siècle, d'adopter une pensée complexe. Les approches réductionnistes montrent aujourd'hui leurs limites. On ne peut pas résumer dans une éprouvette toute la complexité du vivant ! Cette complexité doit être abordée à la fois d'un point de vue scientifique et d'un point de vue politique et social : comment exprimer de façon claire pour nos concitoyens ce que l'on sait, ce que l'on ne sait pas et les risques que l'on peut prendre en fonction de diagnostics nécessairement imparfaits ?
Comme Mme Genetet l'a justement souligné, une attention supplémentaire doit être portée aux signaux faibles, à ces petits éléments qu'on détecte et qu'on ne comprend pas bien mais qui peuvent être les indices de chamboulements futurs.
En tant que chercheur, j'insiste sur la nécessité absolue d'un investissement public supplémentaire. Il ressort de toutes nos auditions que la toxicologie est aujourd'hui en péril. Je n'oppose pas recherche privée et recherche publique mais, dans la nécessaire confrontation des points de vue, le pôle public a un rôle à jouer. Tous les chercheurs que nous avons auditionnés ont signalé la défaillance actuelle de l'investissement public dans ce domaine.