– Je remercie à mon tour nos rapporteurs pour leur engagement, qui permet à l'Office de tenir son rôle : participer au débat public scientifique en demeurant détaché des passions immédiates. J'ai particulièrement apprécié, monsieur Ouzoulias, votre réflexion sur la pensée complexe. Veillons toutefois à ce que la modestie n'entraîne pas le découragement. Quant à votre proposition de renforcer les investissements publics, le libéral que je suis n'y est pas opposé ! Sur l'enfouissement des déchets nucléaires, par exemple, je considère utile de mêler l'approche industrielle et l'expertise scientifique désintéressée. Madame Genetet, nous devons demeurer vigilants sur les signaux faibles car les progrès techniques et l'exigence croissante de la réglementation permettent de les détecter toujours plus finement, au prix d'une plus grande technicité et d'un coût supérieur des contrôles – je pense notamment à l'eau. Un signal faible a finalement toujours vocation à devenir un signal fort… Devons-nous pour autant attendre indéfiniment pour légiférer ? Je ne le crois pas.
J'ai également goûté le fait que vous ne rejetiez pas tout lien entre l'expert et le sujet expertisé : il est bien évident, en effet, que quelqu'un s'intéresse à un dossier soit par passion scientifique soit par intérêt professionnel, deux raisons pouvant être à l'origine d'un biais. Les questions relatives à la sélection des experts et à leur statut dans les collèges décisionnels des agences semblent incontournables et rappellent la nécessité d'une plus grande transparence s'agissant de leur carrière et de leurs engagements. J'ai souvenir que, dans le domaine des télécoms et de la défense, où la formation ressort du secteur public et les débouchés professionnels du secteur privé, les craintes étaient fréquentes que la gestion des carrières dans le public soit biaisée par les perspectives d'avenir dans le privé.
Cédric Villani a fait état de la défiance française à l'égard des informations scientifiques. Je m'essaierai à un diagnostic : les Français, me semble-t-il, ont la nostalgie d'un passé glorieux où la France représentait la fille aînée de l'Église pour les uns et la patrie de la Révolution pour les autres. Nous étions importants dans un continent qui l'est moins. Désormais, nous ne représentons que 4 % de l'économie mondiale et 1 % de la population du globe. Les responsables politiques apparaissent comme les boucs émissaires naturels de la dilution de la France dans le monde. Plagiant Talleyrand, et sa célèbre formule – « quand je m'observe, je m'inquiète. Quand je me compare, je me rassure » –, je crois que nous n'avons pourtant nullement à rougir de la qualité de nos scientifiques.
– Communication sur les liens avec les Académies et l'Institut des hautes études pour la science et la technologie