Intervention de Jean-François Foucard

Réunion du mercredi 23 mai 2018 à 9h30
Commission des affaires sociales

Jean-François Foucard, représentant de la Confédération française de l'encadrement - Confédération générale des cadres (CFE-CGC) :

Manifestement, le CEP ne sera pas suffisamment financé. Je rappelle qu'il y a 16 millions d'actifs. Si l'on veut qu'ils passent un entretien professionnel au titre de la prévention et qu'ils rencontrent un conseiller en évolution professionnelle tous les six ans, il faudrait que deux à trois millions d'entre eux puissent en bénéficier chaque année. Or, avec 500 millions d'euros, ils ne seront qu'un million, et 500 000 seulement avec 250 millions. Aujourd'hui il n'y a aucune garantie quant au financement du CEP et sa montée en compétences relève d'un nouveau métier.

S'agissant de la gouvernance territoriale, le CREFOP n'est rattaché à rien et il faut savoir que certaines régions n'en veulent pas. On pourrait créer un France compétences au niveau régional, mais le mieux serait une maison du paritarisme neutre, où l'on pourrait discuter, construire quelque chose si on s'intéresse avant tout à l'avenir. Aujourd'hui, l'État parle aux régions, les partenaires sociaux sont juste là pour écouter et les régions expliquent aux partenaires sociaux ce qu'ils doivent penser. Si l'on veut un vrai collège quadripartite, il faut changer la donne.

La période de transition sera cruciale. Avec une baisse de la consommation des moyens dédiés à la formation professionnelle, on peut penser abreuver gentiment le plan d'investissement dans les compétences (PIC) auquel il manque 7,5 milliards.

L'apprentissage va être déstabilisé dans la mesure où l'on modifie son mode de fonctionnement. Il faudra que les régions se mettent d'accord. Comme il n'y aura qu'un ou deux CFA sur des niches bien particulières, comment vont-elles gérer entre elles cette situation pour que leurs « citoyens » puissent en bénéficier et comment seront gérés les logements ? Les régions devront réapprendre à travailler ensemble sur ces sujets, mais cela ne peut pas faire de mal au vu la situation actuelle.

Pour la CFE-CGC, la seule mesure de protection supplémentaire concerne la création d'une application numérique pour le CPF. Comme le compte CPF sera en euros, les personnes au chômage qui voudront se former apporteront leur argent à Pôle emploi. C'est donc a priori une réserve financière pour Pôle emploi.

Vous nous demandez si l'apprentissage sera renforcé. Il ne faudrait pas qu'il soit déstabilisé, sachant que l'apprentissage infra-bac ne représente que 20 % d'une classe d'âge et que l'orientation vers l'apprentissage se fait par défaut et concerne les exclus ou les rebuts de l'éducation nationale. À mon avis, rien ne changera et je ne vois pas comment on parviendrait à l'excellence.

L'avenir, ce sont les campus. Or, à l'heure actuelle les branches ne peuvent pas investir dans les campus, seules les sociétés ou les régions peuvent le faire.

Je rappelle que le CPF ne pouvait pas fonctionner sans la coconstruction. Aujourd'hui, ce système ne décolle pas parce que les entreprises n'ont pas franchi le pas. Les entreprises pouvaient le mettre en place en 2017 après l'entretien professionnel de fin 2016. Pour la CFE-CGC, ce dispositif est crucial parce qu'il devait être la première pierre d'une évolution de la gouvernance de l'entreprise et permettre le maintien et le développement du capital humain.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.