Le rapport qui nous est soumis aujourd'hui trouve un écho direct dans l'actualité, eu égard aux déclarations du Président Trump, qui marquent une nouvelle rupture de la position des États-Unis dans le sens de la remise en cause continuelle du multilatéralisme tel que nous le connaissions. Nous sommes en effet entrés dans une période de transition du système international, issu jusqu'à présent des lendemains de la seconde guerre mondiale et de la fin de la guerre froide. Comptant peu d'acteurs effectifs, cet édifice, qui était régulé de manière assez satisfaisante, est à présent chamboulé. Au-delà des guerres et des conflits en cours dans le monde, nous assistons ainsi à un dérèglement du système international et à l'émergence d'un ordre alternatif caractérisé par une très forte instabilité et imprévisibilité.
La Russie, les États-Unis, la Chine, qui étaient auparavant les tenants de l'ordre ancien, s'en affranchissent désormais. Le cas des États-Unis est particulièrement criant, avec la remise en question des engagements multilatéraux dans nombre de domaines, qu'il s'agisse de l'Iran, de l'Accord de Paris, et à présent du commerce. En tant qu'Européens, nous devons nous interroger sur la réponse collective à apporter dans une telle situation. À cet égard, nous devons renforcer la défense de nos intérêts commerciaux en répondant aux attaques de façon ferme et proportionnée, dans le respect des règles de l'OMC. Il convient cependant de faire preuve de prudence dès lors que la situation s'apparente à une forme de guerre commerciale. L'Union européenne et les Européens auront-ils à court terme les moyens de faire respecter leur vision du commerce international dans le cadre juridique applicable au sein de l'OMC ? Ou bien, en revanche, l'intervention de l'OMC en vue de faire respecter les règles est-elle, dans le contexte actuel, vouée à l'échec ?