À force de caricaturer notre organisation européenne et de blâmer la dérive libérale de l'Union économique et monétaire, on a restreint la monnaie à un instrument purement marchand, soustrayant ainsi la signification politique de l'euro qui était celle prônée par le traité de Maastricht.
Vous l'avez dit tout à l'heure, le moment est venu de changer les choses. La zone euro doit être le coeur de l'intégration politique, tandis que le marché intérieur demeure le poumon de l'intégration économique. Encore faut-il innerver la zone euro d'une véritable solidarité, ce qui conduit à la question qui fâche : la dette.
Celle de la Grèce n'est pas soutenable et celles d'autres États membres risquent de ne plus l'être sous peu. On pourrait s'inspirer du plan Hamilton de 1789 pour la restructuration des dettes des États américains, oser le tabou de la mutualisation des dettes publiques. Les travaux économiques sont légion, mais la volonté politique fait désertion. Pourtant, ce serait le prélude à une européanisation du budget de la zone euro, gage d'une parlementarisation de la gouvernance économique, vecteur d'une démocratisation de l'Union. La monnaie aura alors fait le roi et la monnaie unique le gouvernement économique.
Le moment n'est-il pas venu de prendre appui sur l'acquis monétaire pour fonder une zone euro sur un projet de solidarité politique, faisant ainsi le choix de la différenciation au sein de l'Union européenne ? Plus généralement, comment la France peut-elle participer à l'aboutissement d'une Union économique et monétaire efficace et surtout cohérente ?