Le financement de la presse rencontre aujourd'hui deux écueils, que ces propositions de loi ont bien identifiés mais qu'elles ne corrigent pas. La dépendance par rapport aux mastodontes économiques, d'une part, qui modifie parfois la ligne journalistique, ou écorche même le droit d'enquête des journalistes, d'autre part, la dépendance à l'égard du pouvoir politique qui présente le risque d'une information dictée par les gouvernements.
Pour limiter ces risques, nous proposons, en plus d'une unification des aides d'État attribuées par un conseil de déontologie des journalistes indépendants, d'effectuer une mutualisation des services extérieurs à la production de contenus stricto sensu. Cette mutualisation serait financée par une forme de cotisation, d'une part, et par les aides publiques pour le même montant qu'aujourd'hui, d'autre part.
Comme le signale Pierre Rimbert, dans son article publié par le Monde diplomatique en décembre 2014, intitulé « Projet pour une presse libre », cette mutualisation aurait de nombreux avantages en matière d'impression et de logistique. Elle permettrait par exemple d'importantes économies d'échelle.
Sa centralisation et ses moyens lui font remplir l'obligation de sécurité et de confidentialité des données personnelles plus facilement que dans la configuration actuelle, où s'empilent des dizaines de prestataires privés. Au moment où les géants du Web transforment ces informations en marchandise, cette qualité ne relèverait pas de l'anecdote.